Première rencontre ft. Jérémie Black

Qui a dit que changer de vie se faisait facilement ? Camille était doucement en train de s’en rendre compte. Il n’y avait rien de catastrophique pour le moment … Seulement de petits détails qui lui faisaient comprendre que quand il sortirait d’ici plus rien ne serait pareil. Et c’est exactement pour ça qu’il était ici après tout ? Non ? Même s’il devait partager sa chambre avec deux autres personnes, que les petits dej’ étaient forcement prit en commun et qu’il ne savait pas s’il allait avoir le droit de courir ou non, et la question de sa décoloration capillaire n’était pas encore fixé. Enfin … Pour lui, il était de toute façon hors de question de retrouver sa couleur originelle. Mais là n’était pas le sujet du jour : aujourd’hui il devait rencontrer son cheval.

Il était arrivé la veille et n’avait pour l’instant pas encore rencontré son cheval. Enfin, sa jument apparemment. On lui avait fait un rapide topo sur elle : ancienne jument de course, blessée et en convalescence. Mais il n’en savait pas plus pour le moment. Le seul truc qui l’avait fait intérieurement sourire c’était qui soit en charge d’un cheval de course. Au moins ça leur faisait déjà un point en commun d’aimer la course, non ? Il arriva enfin près de l’écurie, et s’était grandiose. Il avait vécu dans une famille aisée, sa maison était elle aussi très belle, mais là, c’était hors du commun, il n’avait même pas de mot pour décrire à quel point ce bâtiment était luxueux. Parce que oui, c’était le mot approprié. Contrairement à ce à quoi il s’attendait, ce n’est pas l’odeur des chevaux qui le frappa en premier, mais celle du foin, du bois et du cuir. C’était agréable.

Camille était toujours planté à l’entrée de l’écurie, admirant les portes de boxe, les poutres et autres éléments architecturaux qui s’offraient à lui, quand soudain un hennissement le fit sursauter. Il ne s’attendait pas à ça … Et c’était totalement ridicule de ça part. Il s’approcha d’un des chevaux qui passait la tête par-dessus la porte de son box et lui caressa le chanfrein. Il regarda rapidement le nom inscrit sur la porte et ce n’était pas Vagabone. Dommage celui-ci avait l’air sympathique. Puis il passa à la porte suivante, cette fois, tout ce qu’il vit du cheval voisin sur une croupe obstinément tourné vers lui… Et toujours pas de Vagabone écrit sur la porte de box. Il releva ses yeux et soupira doucement, devant le nombre de box qui lui restait il allait passer son après-midi à chercher ladite jument.

Il décida donc de trouver une des personne qui travaillait ici pour lui poser toutes les questions qui lui tournaient dans la tête. Parce que bon, il avait les grandes lignes de ce qu’il devait faire. Mais de là à être autonome avec un cheval, il en était très loin. Il s’approcha donc d’un box vide ou une brouette était plantée devant, se remplissant parfois d’une pelletée de fumier.

« Euh … Excusez-moi … Bonjour Monsieur … »

Camille s’approcha de la brouette, interpellant la personne qui lui semblait être un palefrenier d’une voix peu sûr de lui. Cela le frustra d’agir ainsi parce qu’il n’était pas du genre à marcher sur des œufs d’habitude. Puis quand la personne releva la tête vers lui, il se sentit encore plus mal, se demandant s’il n’avait pas appelé « Monsieur » un autre résident …

« Vous travaillez ici ? Enfin … Oui vous êtes en train de travailler … Mais je veux dire c’est vous qui vous occupez des chevaux ? Je cherche Vagabone. On vient de me l’attribuer … Et je ne trouve pas son box. »

Bon, en vrai, il n’avait pas vraiment cherché … Mais qui le saurait ?

« En plus, j’ai des questions à poser sur les soins que je dois lui faire … Si c’est à moi de m’en occuper… Bon en résumé je suis un peu perdu … »

Il rit totalement gêné et enfonça ses mains au fond de ses poches.

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We're bored to death in heaven and down alone in hell

Si Jérémie aurait pu lire les pensées actuelles du jeune homme qui venait de pénétrer l'écurie, il ne pourrait que lui confirmer que changer de vie était tout sauf simple. Tout comme il pourrait lui confirmer que vivre à Almara aidait grandement dans ce genre de changement. Enfin...Pour Jérémie, ça l'avait aidé à aimer les chevaux, certes, mais il fallait bien reconnaître qu'il avait encore beaucoup à apprendre pour apprécier autant les humains ! Il n'était pas sûr d'être apte à le faire d'ailleurs. Ses années de jadis à Almara l'avait surtout calmé dans sa délinquance, assez pour lui permettre d'être employé au sein du domaine dix ans plus tard. Mais Jérémie faisait avant tout confiance en la fidélité et l'amour des chevaux car il avait bien compris que les animaux n'étaient pas comme les humains. Ils ne trahissaient pas, ils n'abandonnaient pas. Ils étaient des victimes ici, tout comme lui l'avait été jadis. Et les humains, eux restaient toujours les coupables.

- Comment vas-tu aujourd'hui, ma belle ? lança t-il d'une voix calme et posée à l'équidé dans le box devant lequel il passait avec sa brouette.

Il s'arrêta un instant pour l'observer. Parce qu'il était vrai que cette jument était belle à ses yeux. La voix qu'il utilisa pour lui parler, comme avec tous les chevaux, si amicale et chaleureuse, n'était réservée qu'à ces derniers. Eux seuls méritaient son affection et le peu de tendresse dont il disposait. L'animal lui répondit d'un soufflement de naseau, ses oreilles s'étant dressées à son attention. Prenant ça pour acquis, le jeune homme eut un sourire avant de récupérer sa brouette pour continuer son chemin jusqu'à un box vide qui avait bien besoin d'un coup de fourche. Prit dans son travail, il ne fit pas attention à celui qui venait de faire irruption dans le bâtiment. Il se contenta d'apprécier la solitude des lieux parce que, jusqu'à présent, il se croyait encore seul ici. Seul avec les chevaux et c'était parfait pour lui. Aussi fut-il surprit par la voix qui l'interpella subitement. Jérémie tourna rapidement un regard vers l'inconnu avant de se redresser, sa fourche stoppée dans son élan avec une bonne portion de litière souillée au bout.

Jérémie observa un temps le jeune blond qui se trouvait à l'ouverture du box, qu'il avait possiblement vu sans vraiment y faire attention au détour d'un couloir. Faut dire que le jeune homme ne faisait pas trop attention aux résidents qu'il pouvait croiser parfois dans le domaine. Il faisait même toujours tout pour les éviter, ne serait-ce que leur regard. Il jouait les êtres invisibles, qui ne leur attribuait que rarement de l'attention. Le peu qu'il faisait, c'était uniquement pour s'assurer que ces jeunes s'occupaient bien des chevaux. Il garda alors le silence face à l'individu, l'interrogeant simplement du regard. Est-ce qu'il travaillait ici ? Quelle question. Non, il dérobait le fumier de l'écurie pour le fun. Franchement, les noms étaient marqués sur les box tout de même. Qu'il se serve un peu de ses yeux et il verra bien que ce n'est pas si compliqué que ça. Bon...Bref, Jérémie n'avait pas le choix. Fallait quand même qu'il réponde sinon on n'allait pas le lâcher.

- Je m'occupe des chevaux oui, finit-il par dire, du moins de ceux qui n'ont personnes pour s'occuper d'eux.

C'était un peu faux. Il veillait sur tout le monde ici. Mais c'était un peu sa façon à lui de dire qu'il ne ferait pas le travail d'un résident en tout cas. Cas où ça aurait été dans l'idée de celui-là. Les paroles suivantes de l'autre garçon l'avait guidé à cette pensée en tout cas. Bon sang, personne n'avait donné de directive aux résidents ? Jérémie laissa tomber ce qui se trouvait sur sa fourche, plantant cette dernière dans le sol pour faire face au décoloré.

- Personne ne t'a dit quoi faire ? Je veux dire, tu viens d'arriver j'imagine ? Tu t'es déjà occupé d'un cheval ?

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Camille n’était apparemment pas tombé sur le type le plus sympathique du coin, mais au moins ce dernier lui répondait et allait l’aider à s’en sortir pour aujourd’hui. Enfin, il l’espérait. Parce que présentement, il se sentait un peu largué au milieu de ce monde qu’il ne connaissait pas vraiment. Et il se sentit entièrement soulagé quand son interlocuteur planta sa fourche dans la litière dont il prenait soin et s’intéressa un peu plus à lui.

« Oui, je suis arrivé depuis peu. Je sais vaguement ce que je dois faire. Enfin, non, je sais sur le papier ce que j'ai à faire. Ça je l’ai bien compris. Mais on m’a dit qu’elle été blessée … et ça je sais pas faire. »

Ses mains toujours au fond de ses poches, Camille fini par regarder ses pieds. Il se sentait très bête de poser toutes ses questions. Il aurait peut-être dû se renseigner tout seul à la bibliothèque ? C’était peut-être ça que l’on attendait de lui ? Qu’il se débrouille tout seul, qu’il prenne des initiatives, qu’il soit autonome … Mais s’il faisait mal les choses ? S’il faisait mal au cheval à cause de son ignorance … ? S’il aggravait les choses ? Qu’allait-il se passer pour lui ? Qu'allez-t-on penser de lui ?

Sans s’en rendre compte Camille commençait à se mettre la pression, il sentait un poids venir lui peser sur sa poitrine. Il serra ses poings au fond de ses poches, essayant de repousser ses mauvaises pensées loin de lui … Il n’allait pas se laisser abattre maintenant. Luttant contre lui-même, il se reprit et répondit aux questions que venait de lui poser l’homme en face de lui.

Il secoua légèrement la tête pour retrouver un peu de contenance et ré-affichant un sourire charmeur, il lui répondit, essayant comme à son habitude de faire comme si tout allait bien.

« Je sais brosser un cheval, en utilisant les brosses dans le bon ordre, leur curer les pieds, leur donner à manger et les mener avec le truc qu’on leur met autour de la tête quand ils sont au pré. Mais, je ne me suis jamais occupé d’un cheval qui vivait en box … ni d’un cheval blessé. »

C’était de vieux souvenir. De l’époque ou tout allait bien, ou l’école n’était pas encore un vrai problème et ou ses entraînements n’étaient pas des calvaires. C’était l’époque où il pouvait encore faire ce qu’il avait envie, être qui il voulait.

Il finit enfin par sortir ses mains de ses poches et les mis devant lui dans un geste fataliste.

« Je … J’ai pas envie de mal faire … Je veux juste que ce cheval soit bien tombé avec moi … Je suis sûr qu’il y a des gens sûrement mieux formé ici, pour s’occuper d’elle, mais on me l’a confié et j’ai bien l’intention de la soigner dans les règles de l’art. »

Le jeune homme donnait l’impression d’en faire trop, mais même si cela pouvait paraître faux, c’était réellement ce qu’il pensait. Ces mots étaient maladroits, son attitude totalement contradictoire avec ce qu’il disait mais pourtant, son regard en disait long : il était motivé, il avait envie d’avancer, il avait envie de tout faire pour que la jument qu’on lui avait confiée aille mieux. Et avec un peu de chance lui aussi irait mieux en se concentrant sur quelque chose de concret.

« Merci de prendre de votre temps pour répondre à mes questions, je me doute que vous avez autre chose à faire de plus important. Je m’appelle Camille, au fait … »

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Effectivement, Jérémie était tout sauf sympathique. Avec les gens. Mais c'était plus une carapace qui le recouvrait qu'autre chose. Au fond, le jeune homme était loin d'être méchant malgré tout. Il était simplement pas sociable pour un sou et quelque peu farouche. C'était un peu son système de défense face aux inconnus. Même s'il devait reconnaître que devant la mine quelque peu déconfite du résident face à lui, il n'en avait pas vraiment besoin. Le jeune blond semblait véritablement perdu dans ce qu'il devait faire et Jérémie en devina aisément qu'il venait de débarquer. Le premier jour était toujours le pire. Il fallait tout découvrir, les lieux, les chevaux, les tâches à faire...Jérémie savait de quoi il parlait, même si autrefois, il s'était montré bien moins pacifiste. L'inconnu lui confirma alors qu'il était nouveau, avant de lui assurer qu'il savait ce qu'il devait faire, bien que l'idée de s'occuper d'une jument blessée avait l'air de l'angoisser.

- Ce n'est rien d'alarmant, répondit simplement le palefrenier.

La jument immaculée était blessée, certes, mais ce n'était qu'une tendinite qui serait guérit en un rien de temps pour peu qu'elle ne force pas et que les soins soient évidemment bien appliqué. Au moins, il ne s'agissait pas d'une horrible plaie qui nécessiterait en plus mille et une précaution. Il ne voulait pas dire qu'il fallait prendre le mal de l'animal à la légère, loin de là. Mais c'était sa façon à lui de mentionner au blond qu'il n'avait aucune raison d'être anxieux à ce sujet. Le jeune homme n'était pas particulièrement doué pour analyser les autres personnes et les comprendre. Mais l'attitude fermée du résident lui laissait croire qu'il était effectivement mal à l'aise. Hm...Peut-être devrait-il se montrer moins froid avec lui ? Bon, au moins l'inconnu savait quand même s'y prendre avec les chevaux. Il savait les panser, d'après ses dires. Le monde équestre ne lui était pas inconnu. Jérémie hocha la tête. C'était toujours ça de gagner.

- Licol...mentionna t-il brièvement au milieu des paroles du résident qui n'était pas parvenu à mettre un nom à l'objet décrit.

Jérémie devait tout de même noter la sincérité du garçon face à lui, qui désirait bien faire avec l'équidé. Il était motivé et il voulait faire ses preuves. C'était tout à son honneur, on ne pouvait pas lui enlever ça. C'était d'ailleurs sans doute ce qui décida Jérémie à lui venir en aide, bien qu'il ne répondit rien pour l'instant, visiblement plongé dans une réflexion décisive. Alors le blond poursuivit, le remerciant de sa patience et en profitant également pour se présenter. Le jeune homme, qui avait un temps baissé le regard, reporta ses prunelles sur le résident.

- Tu peux m'appeler Jérémie, finit-il par dire.

Ce dernier posa finalement sa fourche contre la paroi du box avant de s'épousseter les mains.

- Très bien, je vais te montrer comment on fait. Mais seulement pour cette fois, d'accord ? Suis-moi.

Il quitta le box vide, passant aux côtés du blond pour s'avancer tout droit vers le box où se trouvait la belle jument immaculée qui releva la tête à son approche.

- Voilà Vagabone, fit-il, une main posée sur la porte du box, c'est une vraie championne. Almara compte sur toi pour la chouchouter. Elle n'est pas blessée au sens strict du terme. Mais être sportif, ça comporte des risques : sa jambe postérieure gauche souffre d'une tendinite qu'ils ont pas été fichu de soigner correctement. Un comble au Japon...Bref, voilà pourquoi il y a des soins à faire.

D'un signe de la main, il encouragea le jeune à faire connaissance avec l'animal.

- Elle est un peu méfiante mais si tu sais te montrer patient et à l'écoute, il n'y aura pas de problème. Ici, c'est encore nouveau pour elle. Elle a besoin d'être en confiance, qu'on la rassure.

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Camille ne put cacher son soulagement et son entrain quand le palefrenier accepta de l'aider.

" Oh merci beaucoup ! Jérémie. Oui, juste pour cette fois ! "

Il le suivit jusqu'à un box non loin de là et découvrit la jument en question. Alors c'était ça un cheval de course ? Camille n'en avait vu qu'à la télé et là, d'en avoir un juste en face de lui, il était impressionné. Il n'y connaissait peut-être rien en chevaux, mais cela sauté aux yeux que celui-ci était fait pour courir. Enfin celle-ci en l'occurrence. Sortant de sa contemplation muette, il intégra ce que venait de lui dire Jérémie sur la jument. Une tendinite. Il connaissait pour avoir déjà testé et ce n'était pas très drôle.

Suivant le geste de son interlocuteur, il s'approcha lui aussi de la porte, tout en parlant.

" D'accord. Ça se soigne comme pour les humains ? Avec du repos et des crèmes anti-inflammatoire ? Y'a des atèles pour chevaux pour pas qu'elle force trop dessus ? Je dois la sortir du box pour lui faire ses soins où elle ne doit vraiment pas bouger ? "

Avant de se risquer à tout geste vers elle, il la regarda un peu mieux, maintenant qu'il l'avait bien en face de lui. Elle était tout bonnement magnifique. Grande, fine, mais en même temps musclée. Une vraie merveille. Elle n'avait pas l'air très méfiante pour le moment, elle mâchait du foin tranquillement. Il continua de faire courir son regard sur l'animal admirant sa robe. Elle était immaculée. Le jeune homme passa enfin une de ses mains par-dessus la porte et la tendit vers Vagabone, peut-être un peu trop brusquement. La jument leva la tête vivement, soufflant bruyamment par ses naseaux et fixa, à bonne distance, cette main et cette odeur qui lui était inconnue.

Camille souffla un "Merde" entre ses dents ... Jérémie venait de l'avertir qu'il devait être patient et à l'écoute et voilà le résultat ... Super première impression.

" Euh ... Bonjour Vagabone. Je suis Camille, je vais m'occuper de toi maintenant. On va bien s'entendre tout les deux, j'en suis sûr. On a la même couleur de cheveux et moi aussi je courrais avant. "

Il garda sa main ouverte et imobile et finalement la jument se risqua à effleurer ses doigts du bout de son nez, les reniflant rapidement avant de retourner à son foin, gardant tout de même ses deux visiteurs à l'oeil.
Camille tourna sa tête vers Jérémie, un sourire radieux sur le visage et ramena sa main vers lui.

" Son nez est tout doux ! (il se racle la gorge) Euh ... Je peux lui donner des pommes ou des carottes ? Ou elle a un régime spécifique ? Vu que c'est une sportive elle doit pas manger comme tout les autres ? Si ? "

Il souffla un bon coup pour se reprendre. Camille n'aimait pas ne pas savoir. Et il savait très bien que dès le soir même, il bachoterait des manuels sur les soins aux équidés. Mais là, il devait déjà passer cette journée.

" Excusez-moi de vous poser toute ses questions Jérémie. Je me renseignais dans des bouquins ou sur internet ... enfin, je ne sais même pas si on a accès à internet ici. Mais à partir de demain, je ne vous embêterais plus. Promis ! "

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Le dénommé Camille fut grandement soulagé lorsque Jérémie accorda son aide et il pouvait l'être car tout le monde ne pouvait pas se vanter d'avoir reçu l'aide du jeune palefrenier réservé. Le blond avait de la chance et il valait mieux qu'il se montre à la hauteur d'un tel honneur. Jérémie lui présenta alors la jument. Belle, fine, blanche comme neige, élégante, musclée, vive, éveillée. Bref, un cheval de course par excellence. On la reconnaîtrait entre mille. Le résident s'approcha alors du box, questionnant Jérémie sur ce que ce dernier venait de lui dire.

- C'est un peu près ça oui.

Personnellement, il n'avait jamais eut de tendinite, mais il supposait que ce n'était pas très différent. Seuls les types de produits changeaient. Mais en effet, l'équidé aura besoin autant de repos que de pommade pour soulager son mal.

- Une atèle n'est pas nécessaire, assura le jeune homme, tant qu'elle demeure au repos. Il est donc préférable que tu lui prodigue les soins directement dans le box. Cela ne devrait pas posé de problème.

Un jour viendra où la jument sera suffisamment remise pour qu'elle puisse enfin prendre l'air. Marcher un peu, se réadapter, découvrir un peu l'extérieur de l'écurie. Ce serait sans doute toujours à Camille de s'en charger. Mais chaque chose en son temps. Pendant les secondes qui suivirent, le blond observa un peu plus en détail l'animal qu'il avait en face de lui. Jérémie garda le silence, bien qu'il se montrait tout autant observateur face au garçon qui tenta un premier contact avec la jument. Surprise par la présence d'un parfait inconnu, celle-ci se montra méfiante et n'approcha pas. Camille se mit alors à lui parler, comme s'il s'adressait à un autre être humain et...La même couleur de cheveux ? En entendant cela, Jérémie n'avait pu retenir un bref regard allant du cheval à la tignasse du blond. La suite des propos de ce dernier fit comprendre au palefrenier pourquoi cette jument lui avait été attribué. Ils avaient la course en commun visiblement. Quoi qu'il en soit, la jument finit par se détendre pour retourner à ses occupations.

- Hm...Ce n'est pas interdit. Mais comme toutes friandises, cela ne doit pas être en excès.

Jérémie n'était pas dérangé par les questions du jeune homme. Enfin si, un peu quand même. Mais il préférait largement qu'on lui demande ce qu'il faut savoir plutôt que de faire n'importe quoi dans son dos et que ce soit le cheval qui en pâtisse par la suite.

- Tu peux me tutoyer.

Son but n'était pas de se familiariser avec le garçon. Il n'était simplement pas à l'aise devant le vouvoiement. Ce n'était clairement pas son style. Quand à internet eh bien...Lui même ne le savait pas à vrai dire ! Il n'y avait jamais touché, pas même à un ordinateur. A la base, c'était un garçon de rue après tout. Il n'avait pas grandi cerné de technologie à sa portée mais Camille devrait rapidement trouver une réponse à cette question en s'informant.

- Bon, je vais te montrer où se trouvent les soins pour elle.

Sur ce, le jeune homme s'éloigna du box, se rendant là où on stockait les différents produits destinés à la guérison des chevaux pour y ouvrir un placard et attraper un tube qu'il présenta au résident.

- Voilà ce que tu dois utiliser.

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Camille buvait littéralement les paroles de son interlocuteur. Toute information était bonne à prendre. Que cela soit par rapport aux soins, ou à des questions plus générale comme l'autorisation de gâter sa jument avec des gourmandises.

" D'accord, je le ferais avec modération. "

Camille suivit docilement Jérémie, l'écoutant toujours avec attention. Quand ce dernier lui montra une sorte de placard à pharmacie et lui en sortie un tube de pommade, le jeune homme nota mentalement le nom du produit qu'il devait utiliser. Jusque-là, rien de vraiment compliqué.

" Okay, je la masse avec ça tous les jours. Une fois ou deux fois par jour ? Est-ce qu'il faut que je la bande après, pour que le produit reste plus longtemps ? Et euh ... question bête. J'ai le droit de venir me servir tout seul ou je dois prévenir quelqu'un que j'ai utilisé ce produit ? Où le noter quelque part ? "

Il n'avait pas vraiment idée de comment fonctionnait une écurie de cette envergure. Avec le nombre de chevaux qu'il y avait ici, Camille se demandait comment les employés arrivaient à tout gérer. Car même si Camille savait qu'il devait s'occuper seul de son cheval, il se doutait que des personnes passerait quand même derrière lui pour voir s'il faisait tout correctement.

Il tendit la main vers le tube et le pris pour regarder l'emballage, comme si ce dernier allé lui donner la recette miracle pour guérir Vagabone. Puis, il se rappela ce qu'il avait eut, lui, comme traitement lors de sa tendinite et se dit qu'il n'avait rien à perdre à rajouter une question de plus à la multitude dont il avait inondé Jérémie.

" Je ne sais pas si on fait ça aux chevaux ... Mais ... On peut utiliser de l'argile ? J'en avais eu quand je m'étais blessé et ... et ça marchait pas trop mal. "

Bon il avait eu aussi pas mal de kiné et des injections dans le genou. Mais l'argile l'avait bien soulagé. Rien qu'à se rappeler cette mauvaise période, ou il ne pouvait plus courir, il plia son genou gauche comme pour vérifier si tout allait bien. Il n'avait plus mal depuis très longtemps, un changement de chaussure et un entraînement plus adapté avait eu raison de sa blessure.

Puis, il jeta un coup d'oeil vers le box de la beauté blanche avant de ramener son regard vers le palefrenier.

" Quand je la soigne, il faut que je l'attache avec son ... licol, ou elle ne bougera pas dans son box ? Et ... Elle ne va pas me taper si je lui fais mal en massant ? Je n'ai pas peur des chevaux, mais elle est quand même très grande ... "

Comme il l'avait déjà précisé, il ne savait pas trop comment on gérait un cheval au box. Lui il n'avait rencontré que des chevaux au pré avant de venir ici. Et il n'avait aucune idée du comportement qu'il devait adopter. Et malgré sa grande taille à lui aussi, Vagabone n'en restait pas moins impressionnante.

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C'était toujours tentant de vouloir faire plaisir à un cheval et se faire bien voir de lui en le gavant de friandises dès qu'il en réclamait. Mais comme pour bon nombre d'animaux et même les humains, ce n'était clairement pas l'idéal que de céder à ses caprices. Surtout, comme dit, pour une jument de sport qui passait désormais ses journées à ne rien faire. On ne pouvait pas interdire à cette dernière quelques douceurs probablement bien méritées, mais cela ne devait être que très occasionnellement, histoire qu'elle n'en prenne pas l'habitude, ni du poids. Jérémie présenta ensuite la crème à utiliser sur la tendinite de l'équidé. Un tube parmi tant d'autres dans le placard, donc il valait mieux pour Camille de bien noter duquel il s'agissait. Jérémie lui confia alors le produit tandis que le jeune homme le questionna plus en profondeur sur les soins à apporter. Ce qui prouvait réellement de son envie de faire les choses correctement. Il avait l'air tout ce qu'il y avait de plus assidu. Avec un peu de chance, Jérémie n'aurait pas constamment surveiller pour voir s'il se débrouillait.

- Matin et soir, répondit le palefrenier, et inutile de mettre des bandes. Cela fait déjà un moment qu'elle se trimbale avec cette blessure et ses membres ont besoin d'une bonne circulation sanguine.

Elle avait probablement eut des bandes à ses débuts avec sa tendinite -quoi que vu le fait qu'on ne s'est pas bien occupé de ça chez elle, il y avait de quoi douter- mais à présent que la jument était consigné dans un box, ce genre de précaution était inutile.

- Tu t'en sers quand tu en a besoin, ajouta le jeune homme, tu peux éventuellement prévenir quelqu'un si tu te rends compte qu'il n'y en a plus mais en général, les stocks sont toujours assuré.

Il veillait toujours à ce qu'il y ait assez de médicaments et autres produits pour les soins à faire aux chevaux et ça en faisait beaucoup ! Il prenait toujours de l'avance pour faire en sorte qu'il y ai toujours au moins un flacon supplémentaire dans le placard afin d'éviter les pénuries stupides. Jérémie haussa un sourcils à la suggestion du garçon concernant les remèdes. Au moins, il ne pouvait pas dire qu'il ne s'y connaissait pas. Il comprenait de plus en plus pourquoi on lui avait assigné cette jument.

- C'est vrai on peut, fit-il en croisant les bras, elle en avait eut à ses débuts. A présent, le gel semble suffisant.

Le palefrenier n'était pas vétérinaire, loin de là. Il ne faisait qu'appliquer ce que les spécialistes avaient prescrit pour le cheval de course. Vagabone se portait bien mieux depuis qu'elle était arrivée à Almara, mais il y avait encore pas mal de chemin à faire pour elle. Les tendinites n'étaient pas ce qu'il y avait de plus rapide à soigner chez les chevaux.

- Elle se tiendra tranquille. De toute façon, si elle veut te frapper, ce n'est pas une attache au licol qui l'en empêchera.

Bon, ce n'était clairement pas rassurant du tout de dire ça au résident déjà assez anxieux comme ça. Mais Jérémie n'était pas du genre à mâcher ses mots.

- Elle n'appréciera clairement pas que tu lui fasse mal, poursuivit-il, mais elle souffrira encore plus si elle a peur. Alors avant de commencer quoi que ce soit avec elle, que ce soit des soins ou du pansage, prends quelques minutes pour l'habituer à ta présence, pour faire connaissance. Pour qu'elle se fasse à ta voix et tes gestes. Elle comprendra alors d'elle-même que tu n'es pas là pour la blesser volontairement.

Puis, fouillant à nouveau dans le placard, il présenta un nouveau flacon à Camille.

- Enfin, voici un complément alimentaire à ajouter à sa ration. Elle en est à une mesure par jour, à ne pas oublier.

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Camille buvait littéralement les paroles de Jérémie. Toutes informations qu'il pouvait récupérer du palefrenier étaient bonnes à prendre. Après tout, il partait de zéro dans les soins aux chevaux et ça lui faisait beaucoup de choses à maîtriser en peu de temps, s'il voulait s'occuper comme il fallait de sa jument.

" C'est noté, matin et soir."

Une fois le nom de la crème gravé dans sa tête, il commença à réfléchir, sur la blessure de cette dernière et sur sa propre blessure qu'il avait eu quelques années auparavant. Même si dans le fond le traitement de la jument semblait être le même que pour un humain aillant une tendinite, il n'était pas tout à fait pareil. Il aurait pu s'en douter, après tout les docteurs de soignaient pas les chevaux et les vétérinaires ne s'occupait pas des humains.

Puis, quand le palefrenier lui dit de se servir quand il le souhaitait, le jeune homme releva son regard sur lui.

" Okay ... Je ferais attention si jamais je vois que le stock arrive à sa fin. "

Quand Jérémie répondit à sa question sur le fait d'attacher Vagabone dans le box durant les soins, Camille perdit le peu de couleur qu'il avait sur le visage. Au moins les choses étaient dites, mais maintenant le résident appréhendait encore plus de rentrer dans le box de l'animal. Et si elle le bloquait dans un coin, il devait faire quoi ? Et si elle le frappait à la tête alors qu'il s'occupait de son membre. Dans la tête de Camille, la jolie jument blanche venait de se transformer en une véritable démone indomptable.

Il secoua sa tête, se reprenant. Il avait parfois trop d'imagination … Beaucoup trop … Il allait faire comme venait de lui dire son interlocuteur. De la douceur, de la patience, des gestes mesurés et tout se passerait bien.

Et alors qu'il allait ouvrir la bouche pour lui poser une autre question, ce dernier lui donna un flacon de plus. Un complément alimentaire. Camille le pris aussi, se demandant intérieurement si c'était pour sa blessure ou pour autre chose.
Et la question qu'il allait poser avant son intervention, se transforma en une autre.

" D'ailleurs, je m'en occupe comment pour la nourrir ? Je dois lui donner quoi en plus de ça, du grain ? Le foin, je le trouve où ? Ça se pèse ou c'est à volonté ? Elle doit avoir combien de repas par jour ? "

Encore une fois, son esprit tournait à vive allure. Il avait tellement de choses à apprendre sur les chevaux. Ça allait être du boulot. Mais au moins, son esprit serait occupé à autre chose qu'à ressasser. Il n'avait pas envie de réfléchir à lui, à son passé, tout ce qu'il voulait c'était se lancer à corps perdu dans quelque chose et ce quelque chose ou plutôt ce quelqu'un c'était Vagabone.

Les mains occupaient par la crème et le complément qu'il avait, lui aussi, récupéré, Camille fini par se lancer sur la question qu'il avait remplacé par ses interrogations sur la nourriture.

" Jérémie ... Je sais que tu es occupé et que tu m'as déjà consacré beaucoup de ton temps. Mais, est-ce que tu peux ne pas trop t'éloigner pour la première fois où je vais rentrer dans son box ? Histoire que tu puisses me corriger si je fais mal ? "

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Noté qu'il disait. Jérémie espérait que ce gamin avait une bonne mémoire. Il ignorait encore pour quelle raison ce dernier se trouvait à Almara mais pourvu que ce ne soit pas à cause d'un dysfonctionnement du bulbe. Bon, le directeur n'aurait jamais confié une jument aussi précieuse à quelqu'un de trop instable. Jérémie essayait de rester logique. Et à vrai dire, ce garçon avait l'air vraiment sain d'esprit. Il jouait les bons élèves et d'un premier regard, le palefrenier ne voyait pas trop ce qui clochait chez lui. Enfin, s'il était là, c'est qu'il y avait bien une raison malgré tout. Minime, mais existante quand même. Par prudence, il ajouta :

- Si jamais tu as le moindre doute sur quoi que ce soit, tu demandes. Mieux vaut poser une question débile que faire une connerie.

Jérémie dans toute sa splendeur dira t-on. Au moins avec lui les choses étaient claires dès le départ. Il n'avait pas envie de réparer les dégâts causés par des résidents trop distraits, ni que les chevaux en paient les conséquences également. Est-ce que le palefrenier sentait monté en lui une once de satisfaction lorsqu'il vit le gamin devenir livide après un regard sur la jument qui lui parut subitement dangereuse ? Possible ! A vrai dire, le jeune homme s'en amusa légèrement et intérieurement. Mais c'était plus une taquinerie qu'un réel désir de flanquer la trouille au résident. Ce n'était clairement pas une bonne idée de le faire d'ailleurs. Le but était de leur faire prendre confiance aux cheveux et inversement. Ca restait juste drôle que l'adolescent en vienne à s'inquiéter pour de simples paroles. Mais Vagabone était tout sauf une jument agressive. La douleur risquait plus de l'effrayer d'avantage que de la rendre mauvaise.

- Le foin à volonté, répondit le jeune homme en faisant à nouveau signe à Camille de le suivre encore plus loin jusqu'à un énorme bac rempli de granulés et muni de plusieurs pelles de dosage, matin et soir également, mais pas plus de cette quantité. Même si ça te paraît peu, tu ne dois pas en mettre plus.

Il présenta au garçon l'une des coupes qui contenait des graduations gravées à l'intérieur, désignant celle qu'il fallait respecter. Il reposa l'objet, l'anse sur le bord du bac, tandis que le résident lui demanda de rester dans les parages pour sa première entrée dans le box. Et le jeune homme n'avait pas tort : Jérémie avait clairement autre chose à faire et l'idée était loin de le réjouir pour autant. D'ailleurs, le palefrenier ne répondit pas tout de suite, se contentant d'un soupire en posant les mains à ses hanches dans un élan de réflexion.

- Bon, se résigna t-il, très bien.

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En élève appliqué, Camille enregistrait tout ce que lui disait le palefrenier. Et même si cela commençait à faire beaucoup, il ne s'en effrayait pas. S'il y avait une chose au monde, en plus de la course à pied qu'il maîtrisait plutôt bien, c'était de retenir des choses. Après tout, même s'il ne brillait pas par son intelligence, sommes-toute dans la norme, il avait une mémoire assez performante qui lui permettait de retenir pas mal d'information.

Donc, les consignes sur la nourriture, s'ajoutant à celle des soins, n'étaient pas une charge d'informations trop compliquées à retenir.

Il observait chaque mouvement de Jérémie notant dans un coin de sa tête la dose de granulés qu'il allait devoir donner à sa jument. Il s'approcha à son tour du grand bac, prenant simplement une poignée de ses granulés pour voir de plus près à quoi ils ressemblaient.

Rien d'extraordinaire ... Il reposa sa poignée. Puis il haussa les épaules se demandant intérieurement à quoi il s'attendait. S'inquiétant tout de même de la faible quantité à donner à l'animal. Après tout, elle n'était pas si petite que ça, cette jument ... Mais, il ne dit rien, se contentant d'acquiescer aux recommandations du soigneur.

Puis, il ne cacha pas son soulagement quand son interlocuteur accepta de rester avec lui pour sa première "vraie" rencontre avec la beauté blanche. Le cœur de Camille battait à cent à l'heure. Il était à la fois excité et anxieux. Dans sa tête, beaucoup trop de choses circulaient, des bonnes comme des moins bonnes. Mais, même s'il ne s'en rendait pas vraiment compte lui-même, il paraissait un peu plus vivant à chaque minute qui s'écoulait. Quelque chose avait enfin ravivé sa flamme et la coquille vide qu'était son corps commençait à nouveau à se remplir d'émotion et de sentiment pas totalement négatif.

Alors qu'il retournait, vers le box, il se tourna vers l'homme qui l'accompagnait. Et lui adressa à nouveau la parole.

" Euh ... Ben, je vais commencer avec une question débile ... déjà ... L'eau se gère comment ? Je dois remplir un seau ou un truc du genre ? "

Une fois devant le box, Camille s'appuya contre la porte, prenant le temps d'observer la jument, qui elle, avait toujours le nez dans son foin. Mais loin d'ignorer la présence du garçon de l'autre côté de la porte, elle gardait un oeil sur lui.

" Au fait, merci de m'aider aujourd'hui ... "

Camille se tourna une nouvelle fois vers Jérémie, lui souriant timidement. Il ne rajouta rien de plus. Et ouvrit le loquet du box, avant de se glisser de l'autre côté de la porte.

" Bon ... à nous deux Vagabone. "

La jument avait automatiquement relevé la tête et observait le nouveau venu sans bouger. Camille, quant à lui, se sentait totalement pataud planté-là devant elle. Il tendit une main un peu trop tremblante à son goût vers la jument, prenant pleinement conscience de la taille de l'animal. Elle était bien loin des petits chevaux robustes qu'il avait côtoyé quelques fois quand il était plus jeune.

" Soit gentille avec moi ... S'il te plaît ... Je veux pas te faire de mal ... "

Mais même avec ses paroles rassurante, destiné autant à lui qu'à elle, la jument n'approchait pas, se contentant de fixer cette main tendue devant elle, observant le garçon tremblant. Camille fit un pas en avant, peut-être un peu trop brusque et la jument recula elle aussi, pas décidé à se faire approcher.

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Jérémie arqua un sourcils au comportement du jeune homme devant le bac de granulés, comme si ce dernier ne semblait pas correspondre à ses attentes. Quoi qu'il en soit, il restait au moins attentif à ce que lui disait le palefrenier. Rester plus qu'à espérer que ce qu'il apprenait soit correctement appliqué. Jérémie avait hésité un moment avant d'accepter la requête du résident, bien peu enclin à lui tenir la main. Mais bon, soit. Ce n'était que pour une fois après tout, non ? Tant que cela ne devenait pas une habitude. Ensemble, ils retournèrent donc devant le box de la jument. Mais une nouvelle question vint à être posée pour le jeune palefrenier. Bon sang, fallait vraiment tout expliquer !

- Les box sont munies d'abreuvoirs automatiques. Et si tu as besoin d'eau pour autre chose, tu as des seaux et un robinet à disposition au fond du bâtiment.

Jérémie observa alors le jeune homme qui se cala un moment contre la porte du box, toisant l'animal du regard qui broutait tranquillement son foin tout en restant attentive à ce qui se passait autour d'elle. Puis, Camille se mit à remercier le palefrenier avec un petit sourire. Jérémie, ne sachant pas trop comment réagir à cela, se contenta de croiser les bras sur sa poitrine pour se donner contenance et de répondre d'un bref hochement de tête. Enfin, le résident ouvrit enfin la porte et pénétra dans le box. Comme demandé, Jérémie resta dans les parages, n'entrant pas à sa suite, mais gardant un oeil sur lui.

- Elle sent que tu as la trouile, commenta le jeune homme en observant la scène, si t'es pas serein, y'a peu de chance qu'elle le soit aussi.

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Camille se retourna vivement vers Jérémie, en fronçant les sourcils. Il lui répondit, à moitié énervé par sa remarque et à moitié frustré de ne pas y arriver.

« Évidemment que j'ai la trouille, elle est immense ... »

Mais, malheureusement pour le jeune homme, sa réaction un peu vive se répercuta sur la jument, qui après avoir vivement redressé la tête, et soufflé bruyamment par les naseaux, ce qui eut le don de faire sursauter Camille, elle se planta au fond de son box. Elle était bien décidée à ne pas se laisser approcher par ce jeune maladroit.

Le blondinet reporta son attention vers la jument qui maintenant qu'elle était bien droite, paraissait encore plus impressionnante. Camille ne se décourageait pas facilement, mais là, il ne savait vraiment pas comment s'en sortir. Il ne bougea pas d'un poil, se disant qu'avec peut-être seulement du temps, Vagabone finirait, tout comme lui, par s'apaiser.

Il essayait de chercher dans ses souvenirs comment il faisait avec les chevaux de la voisine. Mais ses derniers venaient toujours fouiller gentiment dans leur poche. Il n'avait jamais eu à les approcher de lui-même, vu que c'est eux qui faisait le premier pas.

Camille réfléchissait au comportement qu'il devait avoir en fasse du cheval, mais son absence d'expérience se faisait ressentir. Mais au fond de lui il savait qu'il ne devait pas abandonner et faire demi-tour.

« Tu n'as jamais peur toi ? Avec les chevaux ... Enfin, peut-être pas maintenant, mais tu as bien dû commencer un jour non ? »

Tout en discutant, Camille essayait de contrôler son stress. Il n'avait jamais vraiment réussi à faire ça de manière efficace, mais là, il n'avait pas le choix. Et puis, autant avec les humains un sourire de façade suffisait souvent, autant avec Vagabone, ou tout autre cheval, il n'était pas sûr que cela fonctionne.

« Je dois faire quoi pour paraître plus serein. Hormis arrêter de trembler bêtement, j'y travaille d'ailleurs, mais j'ai l'impression que mon corps n'a pas l'air très coopératif aujourd'hui ... D'habitude, je suis pas aussi flippé … »

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Il semblerait que les dires du jeune palefrenier n'aient pas plus au malheureux résident qui avait bien du mal à approcher l'équidé. Jérémie pouvait lire dans son regard l'irritation qu'il venait de lui procurer et il devait bien avouer que c'était assez amusant à constater, un jeune aussi nerveux devant un animal.

- Ce n'est pas la plus grande d'Almara, assura t-il alors, tu as de la chance.

Pas sûr que ce soit ce qu'il y avait de plus subtil pour rassurer le jeune blond. Jérémie croisa les bras sur la porte du box en observant avec un intérêt naissant la progression du résident vers l'animal. La jument gardait ses distances avec l'inconnu qui tremblait comme une feuille et sursautait comme si on lui demandait d'aller dompter un lion. Jérémie restait attentif à ce qui se passait. Il n'avait pas très envie que la jument se blesse en paniquant, où même qu'elle blesse le jeune homme en paniquant, ou que les deux se blessent mutuellement en paniquant ! Bref, il restait concentré pour éviter une éventuelle catastrophe qui risquait de lui retomber dessus.

Le résident se mit à l'interroger sur sa propre expérience. Peur ? Non, en vérité, Jérémie n'avait jamais eut peur d'un cheval. Même à son arrivée ici. Ce qui lui faisait le plus peur dans la vie jadis c'était les humains. Ca ne voulait pas dire qu'il avait toujours été un saint avec les équidés. Sans en avoir peur, il ne les aimait pas au début.

- Jamais, répondit-il au résident en haussant les sourcils comme si c'était une évidence.

C'était plutôt les chevaux qui avaient eut peur de cet adolescent rebelle et hargneux. Quand Camille demanda de nouveaux conseils, Jérémie dû se faire violence pour ne pas étirer ne serait-ce qu'un sourire, ce qui pourtant ne demandait qu'à apparaître tant il trouvait la situation assez lamentable. Ah, c'était pas bien de se moquer !

- Réfléchis, fit le jeune homme pour le mettre sur la voie, tu as en face de toi un animal énorme qui te craint. Mets-toi à sa place. Tu voudrais quoi pour être plus cool et avoir moins peur ?

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« Super ... »

Ce fut le seul mot qui franchit les lèvres de Camille à la remarque de Jérémie sur le fait qu'elle n'était pas la plus grande. Ça lui faisait une belle jambe. Pour lui, elle était déjà une géante et c'était beaucoup trop. Pourquoi n'avait-il pas eu droit à un poney … ?

Puis, alors qu'il apprenait que le palefrenier n'avait jamais eu peur des chevaux, ce dernier lui fit une remarque qui fit cogiter Camille un petit moment. Le garçon observait toujours Vagabone, s’interrogeant sur la conduite qu'il devait apporter.

« Il faut que je la rassure … Mais il faut d'abord que j'ai l'air moins suspect c'est ça ? Que je me calme moi-même d'abord. Je suppose … »

Plus facile à dire qu'à faire. Il avait toujours été d'un naturel stressé, en face d'humain c'était facile à cacher. Surtout face à ses camarades de classe avec qui il n'entretenait aucun rapport et face à ses parents qui ne le regardait pas vraiment. Mais là, il y avait beaucoup de paramètres à gérer, il était en terrain inconnu. Et Camille n'aimait pas être déstabilisé, c'était beaucoup plus difficile de jouer un rôle quand on ne maîtrisait rien. Et là, il était très loin de maîtriser la situation.

Il se recula vers la porte du box, relâchant la pression autant pour lui que pour sa jument. Il prit une profonde inspiration et secoua doucement ses bras vers le bas pour évacuer son anxiété. Il ne cessait de regarder sa jument, se disant qu'il était bien bête d'en avoir peur, car hormis sa méfiance, elle avait l'air bien sympa.

« Bon … On recommence. Cette fois c'est la bonne Vagabone. »

Cette fois, il essaya de garder une attitude sur de lui. Il se dirigea droit vers la jument, mais sans paraître trop brusque non plus. Gardant une de ses mains en avant comme s'il voulait lui donner quelque chose à manger. Il parcourut le faible espace qui le séparait de l'animal et posa sa main libre sur son encolure. Dieu ce qu'elle était douce. Il pouvait sentir tressaillir le moindre petit muscle sous sa peau. Elle n'avait pas l'air très à l'aise elle non plus, mais elle prenait sur elle, étant tout de même méfiante envers chaque geste du jeune homme. Camille entreprit de la caresser longuement au niveau de l'encolure, n'osant pas aller plus loin pour le moment, puis se tournant vers Jérémie le sourire aux lèvres, il lui dit :

« Ben, ce n'était pas si terrible en fait, elle est gentille. Je suis pas sûr qu'elle soit tout à fait bien à vrai dire … Mais c'est normal, non ? »

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Jérémie n'avait pas envie de faire tout le boulot à la place du résident. Il n'était même pas sûr d'avoir le droit de lui dire tout le temps quoi faire pour que ça fonctionne. Techniquement, c'était aux jeunes de trouver, de se débrouiller par eux-même, non ? A nouveau, l'expression blasé de Camille titilla l'amusement du palefrenier. Ce dernier ne lui avait pourtant pas menti. Il y avait des chevaux, comme Angus, bien plus énorme que cette frêle bête de compétition. Qu'aurait dit le résident devant l'énormité d'un shire ? Si ça se trouve, il ne serait même pas rentrer du tout dans le box.

- Ce serait déjà un bon début, avoua le jeune homme à la réflexion de l'autre.

Se mettre à la place de l'animal était toujours le meilleur moyen de savoir comment s'y prendre avec lui. Le résident revint vers Jérémie, cherchant à calmer sa respiration pour se détendre autant que faire se peut. Le palefrenier l'observait faire avec un intérêt minime mais néanmoins présent, assez curieux désormais de voir comment allait s'y prendre l'adolescent.

- Les chevaux sont sensibles à ce que tu dis, reprit alors Jérémie, s'étonnant lui-même de donner un conseil sans qu'on le lui ait demandé, ils ne comprennent pas les mots mais devinent les émotions dans le ton de ta voix.

Il paraît que c'était pareil avec les chiens. Mais Jérémie ne l'avait appliqué qu'aux équidés tant il tenait les canidés en horreur. Peur des chevaux, non jamais en effet. Mais Camille serait sans doute bien surpris de le voir réagir devant un caniche. Enfin, avec assurance et douceur, l'adolescent parvint à toucher la créature. Sa main parcourut plus d'une fois l'encolure fine et immaculée de l'animal qui ne broncha pas, ou trop peu pour que cela se remarque. Elle était probablement tendue, mais la jument avait visiblement décidé de laisser à ce garçon le bénéfice du doute. Jérémie se redressa au dessus de la porte du box en constatant cela. Puis, il croisa le regard, et surtout le sourire -le premier depuis cette rencontre- du blond qui s'était tourné vers lui.

- Eh non, ce n'était pas la mer à boire, finit-il par répondre avec un haussement d'épaule, Vagabone est la gentillesse incarnée et tu le constateras bien plus avec le temps. Et...Elle aussi, elle finira par comprendre.

Ce n'était qu'un début. Il restait encore tant de choses à faire avant que ces deux là ne soient totalement à l'aise. La jument avait besoin de soin, et elle avait besoin qu'on s'en occupe correctement. Ce garçon n'était pas trop mal pour ça, songeait le jeune palefrenier. Il était attentif et disposait apparemment d'un potentiel empathique. Il n'était pas aussi détraqué que bien d'autres résidents. Jérémie devait bien se rendre à l'évidence que Vagabone était sans doute entre de bonnes mains.

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Le sourire de Camille ne quittait plus son visage. Il avait vraiment l'impression, à ce moment précis, que tout s’arrangerait, qu'il allait enfin pouvoir commencer à vivre sans se soucier du regard de ses parents. Et surtout, qu'il allait pouvoir l'oublier lui, effacer de sa mémoire ses mauvais souvenirs et en avoir de nouveau, forcément meilleurs, grâce à Vagabone et Almara plus généralement.

Jérémie lui confirma que Vagabone était une gentille jument et qu'ils finiraient tous les deux par se faire confiance et s'apprécier. Et pour une fois, Camille avait vraiment envie de croire quelqu'un. Lui aussi espérait que Vagabone finisse par s'habituer à lui et lui à elle. Mais le temps ferait sûrement le travail, pas besoin de forcer les choses.

" J'espère vraiment qu'on s’entendra bien tous les deux. Après tout, on va devoir partager un bout de route ensemble. Ça serait bête de ne pas apprécier ses moments ensemble. "

Mais Camille les appréciait déjà, ses moments, cela ne faisait que quelques minutes qu'il côtoyait la jument, mais au fond de son cœur il chérissait déjà ses quelques instants. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas pris du plaisir à faire quelque chose.

Abandonnant enfin l'encolure de la jument, il s'approcha de Jérémie et s'adressa à lui de manière solennelle.

" Merci encore de m'avoir aidé. Si je peux un jour te rendre la pareille, n'hésites pas. Tu peux me demander tout ce que tu veux. Bon ... et bien ... Je crois que j'ai du travail ! "

Sur cette dernière phrase, Camille attrapa une brosse et se mit délicatement à brosser la jument. Lançant un dernier regard à Jérémie, son sourire toujours au beau fixe sur son visage.

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Jérémie savait ce que ça faisait, la première approche réelle avec un cheval. Du temps où il avait eut lui-même un cheval à charge en tant que résident, les choses n'avaient pas été aussi faciles. Pourtant, il n'oubliera jamais la première fois que son cheval l'avait laissé poser la main sur lui. Il avait sentit soudain entre eux deux une étrange connexion que jamais l'adolescent qu'il avait été à l'époque n'aurait pu soupçonner. Est-ce que tous les résidents finissaient un jour par avoir ce déclic ? Il ne le savait pas. Peut-être que ça marchait ainsi surtout pour les plus sauvages, et avec des chevaux d'ordinaire réservés, solitaires. Car le lien entre ces deux types de personnalités, humaine et équine, devenait comme miraculeux.

Camille avait foi en l'avenir apparemment. Il avait hâte de pouvoir développer une parfaite harmonie avec la jument de course. Le jeune palefrenier maintint le silence sur cette remarque, mais n'en pensait pas moins. L'attention de Jérémie revint sur le résident qui s'était approché pour le remercier et, étrangement, lui assurer qu'il serait là en cas de besoin. Quelle ironie. Etant donné que le blond ne manqua pas de couper court à cela néanmoins, Jérémie en profita pour s'abstenir de répondre une nouvelle fois alors que le jeune homme s'était retourné vers la jument, prêt à se lancer dans cette nouvelle aventure. Les regards des deux hommes se croisèrent une dernière fois, bien que le palefrenier ne rendit pas le sourire de l'adolescent. Bien qu'il décela en lui ce curieux plaisir qui avait volé la place à la crainte de cette rencontre avec le cheval, laissant place à une confiance nouvelle. Jérémie ne s'attarda pas d'avantage, s'éloignant finalement du box en abandonnant le résident afin de retourner à son travail solitaire.

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