Une nuit d'orage | PV Jérémie

Mi-Juillet 2019.

Le temps passe doucement, le café est devenu calme... Quelques habitués ont déjà pris leur place pour le plus grand plaisir de la jeune femme, de temps en temps, des touristes, des curieux. Tout semble bien aller. Ce début d'été est assez calme et les températures augmentent et sont très chaudes... Peut-être pour ça que les clients se font rares en journée ? Ils prennent tous la direction de l'Audacieuse, ou peut-être que la plupart des habitants de Thabanon sont partis en vacances... ? Ah, l'air marin ou des grandes montagnes... Oui, ça ne sera pas pour cette année pour Léanne ! Il fallait s'occuper du café, des chats et surtout de Pearl. D'ailleurs, en ce début d'été, la jeune amie des animaux avait déjà placé deux petits chatons, elle n'aimait pas vraiment placer les animaux pendant l'été, période où il y avait le plus d'abandon, mais cette famille semblait être la bonne ! Mais ce n'est pas le sujet.

Aujourd'hui, le temps a été bien couvert, il avait fait lourd et pendant toute la journée, notre jeune patronne avait prié pour qu'il n'y ait pas d'orage... Déjà parce qu'elle aurait dû rentrer tous les pots de fleurs de la terrasse, toute seule, hors de question que mamie se casse le dos mais surtout pour Pearl, elle qui avait si peur des orages. Mais le temps s'était stabilité : ouf, et la petite journée était passée tranquillement... La fin d'après-midi commençait petit à petit et les clients se suivaient sans pour autant donner trop de boulot à Leanne et sa grand-mère. Les chats, assez amorphes en ce moment s'étallés de tout leur long ou trouvaient des cachettes bien à l'ombre. Alors, en cette fin de service, la jeune "maman chat" commençait à ranger son petit café, rentrant petit à petit les pots de fleurs : elle préférait au cas où ça éclaterait cette nuit. Nettoyer les tables, passer le balai, jouer avec Elfy, prendre le temps de discuter avec les derniers clients et habitués... En voilà une journée bien remplie. Plus qu'à mettre les chats dans leurs paniers et de rentrer.

Une bonne douche, beaucoup de fatigue dans les jambes et toujours cette ambiance lourde et pesante... Peut-être que ce week-end, elle aussi elle irait faire un tour à l'Audacieuse si ça continuait, mais elle irait sûrement seule, ou alors elle attacherait Pearl loin de l'eau... Se couchant sur son lit, en débardeur et culotte, Léanne regardait le plafond, ses cheveux encore humides... Elle soupire, le sourire aux lèvres. Sans trop savoir pourquoi elle est heureuse ! Peut-être parce qu'elle fait de petits progrès avec Pearl, que le café se porte plutôt bien, qu'elle arrive à mener son association... ? Oui, tout semble aller à merveille pour cette jeune entrepreneuse... Tout semble trop parfait d'ailleurs.

Plus tard dans la soirée...

Un flash. Un immense bruit qui résonne.

Réveillée en sursaut, la brune se redresse, les cheveux en bataille, un peu paniquée par se réveil forcé... Elle soupire de soulagement, tout va bien, ce n'est que l'orag-... Elle écarquille les yeux avant de sauter de son lit : de l'orage ?! Elle tire alors ses rideaux pour voir la ville sous la pluie, ce n'est pas une pluie diluvienne, mais les éclairs se succèdent et se font de plus en plus rapproché... Les coups de tonnerre plus nombreux. Léanne commence alors un peu à panier, elle attrape des vêtements, un jean, un t-shirt avec un chat dessus, elle attache ses cheveux à l'arrache, enfile des chaussettes et court dans l'entrée pour prendre ses affaires, son manteau et les clés de son vélo.

- Léanne ? Tu vas où comme ça, sous cette pluie et cet orage ? demande Jeanne.

La jeune fille, enfilant ses chaussures met quelques secondes à répondre à sa grand-mère, un peu paniquée :

- Je dois aller voir Pearl ! dit-elle avant de partir, claquant la porte, ne laissant aucun temps de réponse à sa grand-mère.

Courant jusqu'à son vélo et bataillant contre la pluie pour pédaler, Léanne brave avec courage les éléments de la nature... Bon, d'accord, à part les éclairs, la pluie tombe légèrement, ce n'est pas si épique que ça.

C'est donc à moitié trempée que Léanne arrive au domaine, est-ce qu'elle a le droit d'être là à cette heure-ci... ? Elle ne sait pas trop et à vrai dire, actuellement, elle s'en fiche un peu, tout ce qui lui importe, c'est sa jument... Alors, elle pose son vélo à l'entrée des écuries, ne prenant pas vraiment le temps de l'attacher, déjà, à partir de là, elle peut entendre des hennissements plaintifs et apeurés, elle sait que c'est Pearl, il y a sûrement d'autres chevaux, mais c'est sûr que sa jument en fait parti. Alors, sans attendre, elle entre dans l'écurie et, là où elle était habituée à voir Pearl calme et presque soumise à la vie, Léanne retrouvait une jument totalement paniquée, hennissant et donnant des coups de sabots dans la porte... Elle avait fait tout ce chemin jusqu'ici pour voir sa jument, et maintenant ? Qu'est-ce qu'elle est censée faire ? Entrer dans le box ? La sortir ? Lui chercher à manger ? Léanne restait un peu plantée là, pendant que la jument frappait et donnait des coups dans les parois du box...

- J-je suis là Pearl... murmura-t-elle, presque inaudible.

Oui, c'était bien beau de dire ça, mais il faut agir, et ça, c'était assez compliqué... Elle s'était approchée, sa capuche baissée, la cavalière leva les mains pour rassurer la jument : elle n'avait aucune idée de la posture à adopter, ou quoi lui dire à part essayer de la prendre par le licol et de la caresser, mais là, c'était mal parti.

Évidemment, ce n’était pas avec des paroles et des petits gestes que Léanne allait réussir quoi que ce soit vu l’état de la jument… Mais que pouvait-elle bien faire ? Là, elle était prise de plein de doutes, des doutes sur sa capacité à réellement s’occuper de cette jument, d’ailleurs, pourquoi l’avait-elle prise… ? Juste parce que c’était le cheval de sa sœur ? Si c’était un cheval inconnu qui avait besoin d’aide, n’aurait-elle pas chercher des gens beaucoup plus compétents pour l’aider… ? Non. C’est bien pour ça qu’elle avait choisi Almara… C’étaient eux, les gens compétents et, comme pour tous les animaux dont elle s’occupe et s’était occupée, elle les aiderait du mieux qu’elle peut, chevaux ou animaux inconnus ou non. Pearl était sous sa responsabilité, alors, elle devait faire quelque chose, après tout, si sa propre sœur n’avait pas pris ses responsabilités, elle devait le faire pour elle, pour la jument.
Alors, cherchant autour d’elle quelque chose, une idée, elle entendit alors quelqu’un arriver et n’ayant même pas le temps de se retourner, elle entendait cette même personne s’adresser à elle – ou plutôt l’engueuler - :

- Hé vous êtes qui ?! Qu'est-ce que vous foutez là à cette heure ?!

Un sursaut et la voilà qui fait face à un jeune homme qui n’a pas l’air très content de sa présence… Elle aurait peut-être préféré tombé sur le directeur ou le maître d’écurie, ils semblaient peut-être plus sympathiques que cette personne devant elle. Non, elle ne doit pas juger sur une impression et surtout quand c’est elle qui « est en tort », en tort de quoi… ? Allez savoir. Alors, Léanne, encore un peu paniquée mit quelques secondes à répondre, c’est vrai qu’elle paraissait totalement suspect, surtout près d’un cheval qui se cabre comme Pearl actuellement, il pourrait penser qu’elle veut du mal à cette jument… Prenant son courage à deux mains et essayant de ne pas trop bégayer, elle essaya de répondre, d’une petite voix sous cet orage :

- Léanne… Et Pearl… ma jument… Je… Peur de l’orage ! répondit-elle un peu paniquée et coupée par un grondement de tonnerre elle est paniquée ! Et je ne sais pas quoi faire ! dit-elle presque en criant, vraiment désespérée j-je sais q-que je n’ai rien à faire ici m-mais… je ne pouvais pas laisser ma jument affronter cet orage seule… fini-t-elle par dire avec un peu plus de courage.

Et elle était bien décidée à rester ici, même si le garçon prévenait le directeur, le maître d’écurie ou même la police ! Léanne avait certes, l’air ridicule trempée comme ça et avec sa petite voix, mais il y avait dans son regard beaucoup de détermination et d’amour pour la jument paniquée qui ne cessait de hennir… D’ailleurs, Léanne abandonna quelques secondes pour regarder la jument qui venait de donner un violent coup contre la porte… Allait-elle finir par la casser… ?

Elle avait l’habitude de se confronter à des têtes de mules, que ce soit Pearl, ses chats ou même certaines personnes au café mais lui… Il ne comprenait pas la situation ou quoi ? Léanne savait très bien qu’elle n’avait pas le droit d’être là, et même si elle prenait sûrement les mots du garçon un peu plus à cœur qu’elle ne devrait, elle se tourna vers lui, fronçant les sourcils :

- Je sais que je ne devrais pas être ici, même à Almara , je sais que je n’aurais pas dû choisir de m’occuper de cette jument, que beaucoup pense que j’en suis incapable ! Mais… Elle est là ! Je suis là ! Et j-je d-dois être là pour elle… V-vous voulez que je fasse quoi ? Que je retourne chez m-moi en sachant qu-qu’elle est comme ça ? dit-elle dans un excès de confiance en elle.

Elle regardait Jérémie avec beaucoup de conviction dans le regard, de doute, mais se rendant compte de sa phrase, elle baissa légèrement la tête et fit volte-face pour regarder à nouveau sa jument : qu’est-ce qu’il lui a pris de parler comme ça à un inconnu… ? Quelqu’un du domaine qui plus est ? Elle serra ses poings, elle était tellement désolée, si le soleil était à son zenith ou les éclairs plus lumineux, il aurait pu voir les rougeurs sur ses joues, elle se sentait honteuse. Alors, pour, rattraper le coup, si on peut dire ça, elle leva la tête pour regarder Pearl et s’adressant au garçon d’une voix à nouveau faible :

- V-v-vous pouvez appeler la police s-si v-voulez… mais je dois l’aider. Elle n’a plus que moi…

Oui. Elle et seulement elle. Abandonnée par son éleveur, abandonné par sa sœur, abandonner par tout le monde… Léanne soupire. Elle parle pour qui, la jument ou elle… ? Mais elle était bien décidée à faire quelque chose, alors, sans trop savoir quoi faire et sur un coup de tête un peu stupide, elle ouvrit le box pour rentrer dedans :

- Allez Pearl, calme t-

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle esquiva de justesse une ruade arrière. C’était possible, dans un si petit endroit ? Heureusement que Pearl n’était pas courageuse au point de se ruer vers l’entrée de l’écurie, elle se contentait de rester paniquer dans son box… Léanne se retrouvait un peu bête, elle avait reculé par précaution, la longe dans ses mains.

Elle avait eu très peur face à cette ruade de sa jument... Effectivement, elle aurait pu s'en douter ou la prévoir dans l'état où elle était, mais, étrangement, la jeune fille pensait réellement pouvoir faire quelque chose, qu'elle était... Spéciale ? Ce genre de chose, ça n'arrive que dans les films.

Elle s'était retrouvée bien bête, sauvée comme ça, par un inconnu qui en plus, elle l'importunait... Décidément, ce soir, elle les enchaînait toutes ! Elle avait laissé un timide "merci" sortir de sa bouche quand son regard s'était posé sur le garçon, il avait un côté... Effrayant dans cette tempête et pourtant, il venait de lui éviter un méchant coup, elle hocha la tête également. Mais très rapidement, elle se fit engueuler par "son sauveur", oui, logique.

Encaissant les mots, Léanne ne pouvait pas lui répondre, il y avait tellement d'incohérence dans les paroles du garçon et dans les faits, oui elle n'avait rien à faire là, mais d'un autre côté, il y avait sa jument, alors, légèrement agacée, elle répondit au garçon :

- Eh bien, excusez-moi, la prochaine fois, je demanderais à la météo de s'enrager pendant les heures d'ouverture, ou je prierais ma jument de ne pas paniquer et d'attendre que le centre ouvre ! Regardez, si je n'étais pas là, qui serez venu pour les chevaux ?! C'est comme ça que vous aidez ceux avec des traumatismes ?! s'écria-t-elle légèrement, le bégayement ayant disparu.

Mais, très vite, la jeune fille s'était rendu compte qu'elle était montée sur ses grands chevaux, et que lui parler comme ça n'aiderait pas les choses ou autre... D'ailleurs, il venait bien de lui rappeler à quel point ses gestes étaient stupides : une longe, sérieusement ? Effectivement, à quoi elle pensait... ? Léanne soupira légèrement avant de le regarder :

- J-je s-suis d-désolée... j-je ne v-voulais pas vous parler ainsi... J-je suis censée faire quoi alors... ? Je ne peux pas partir et la laisser comme ça... est-ce que vous êtes quelqu'un d'ici ? Un employé ? Est-ce que vous pouvez m'aider ? La calmer ou faire quelques choses... ? S'il vous plaît...

Léanne n'aimait pas demander de l'aide comme ça, elle voulait tellement pouvoir s'occuper seule de Pearl, mais... elle se rendait bien compte que cela allait être difficile... Rien que ce soir, elle en avait la preuve.

L’orage faisait peur à Pearl mais actuellement, c’était le garçon qui faisait le plus peur à Léanne… En fait, elle ne savait pas trop quoi ou comment lui dire les choses, à croire que le garçon prenait tout mal ce qu’elle lui disait alors que, à part sa phrase d’avant, il n’y avait aucune méchanceté ou reproche dans ces paroles… Il prenait tout mal ou quoi ? Léanne avait un peu de mal par rapport à ça, elle ne savait plus quoi dire ou quoi faire, il semblait tellement fâché contre elle, c’est peut-être normal en fait, elle s’était introduit ici sans y avoir le droit mais, d’un autre côté, elle ne voyait pas abandonner sa jument, même si, aux paroles du garçon, elle semblait indigne de s’occuper de Pearl.

Et ces paroles avaient bien calmé la jeune fille… Elle était restée comme pétrifiée, comme si c’était un coup de poignard dans le cœur. Oui, est-ce que Léanne ne faisait pas qu’aggraver les choses… ? Sa rancœur contre sa sœur, la tristesse éprouvée et le sentiment d’impuissance, est-ce qu’elle les transmettait à sa jument… ? Oui, c’était peut-être ça, peut-être que Léanne était le problème ? Elle ne savait peut-être pas s’y prendre au final ? Non, ça elle le savait très bien et c’était pour ça qu’elle l’avait mise ici. Mais le garçon soulevait un point : qu’attendait-elle exactement des écuries d’Almara… ? Attendait-elle qu’ils fassent le boulot ? Que ça soit magique… ? Il remettait certaines choses en question, et Léanne se rendait compte petit à petit : ici, ce n’était pas un lieu magique, après tout, c’était des boxes et des personnes comme les autres, d’accord, il y avait sûrement de bons soigneurs et de bons vétérinaires, mais, comme partout ailleurs, non ? C’était à elle de s’y mettre aussi, non ?

… Tellement de question qu’elle ne s’était pas réellement posée avant : qu’attend-t-elle d’Almara… ? Qu’est-ce qu’elle espérait trouver en arrivant ici ? Et, s’ils étaient tous comme ce jeune homme ? D’ailleurs, il bossait ici, alors, était-ce réellement un bon endroit pour les chevaux… ? Ce garçon ne semblait pas vraiment sympa… Etait-il plus agréable avec les chevaux ? A le voir laisser Pearl dans cet état et qu’il lui dise qu’elle devait « laisser faire », elle se posait des questions sur les employés du domaine… Enfin, après, qu’est-ce qu’elle y connaissait réellement, elle ? L’équitation, ça remonte à si longtemps.

Alors, Léanne, toute calme, se tournait vers Pearl, elle avait un regard à moitié vide mais surtout plein d’interrogation… La seule phrase qu’elle réussit à dire était :

- Mon père… il disait que les chevaux étaient plus à l’abri dehors dans des prairies nettoyées et sécurisée lors des tempêtes que dans des boxs… Mais c’est vrai… qu’est-ce que j’y connais après tout… Je ne sais même pas pourquoi j’ai voulu m’occuper de ma jument… J’aurais peut-être dû laisser ma sœur la vendre… ? Après tout, je n’avais aucun lien avec elle…

Léanne soupirait. Elle ne savait plus trop quoi faire à présent, oui elle avait la responsabilité de la jument mais si elle ne pouvait pas l’aider, qu’est-ce qu’elle devait faire ? Elle regarda Jérémie, puis Pearl :

- Je suis sûre que ma sœur aurait sû quoi faire… chuchota-t-elle en soupirant, donc là, je suis juste censée la regarder se faire mal dans son box, c’est ça ? demanda-t-elle réellement.

Vraiment, c’était ça leurs conseils… ? Effectivement, si c’était comme ça qu’ils soignaient Pearl ou qu’il fallait la soigner, Léanne n’était sûrement pas prête à être juste spectatrice.

Léanne était un peu perdue dans ses pensées, les simples mots d’un inconnu avait pu faire tout basculer, la chambouler, était-elle si peu convaincue de sa capacité à aider Pearl… ? Pourtant, elle en avait aidé des animaux à aller mieux, elle avait même réappris à un chien à faire confiance à l’Homme. Peut-être qu’un cheval c’est trop… différent ? C’était le bazar dans sa tête, elle se faisait presque petit à petit engloutir par toutes ses émotions et contre toute attente, c’est Jérémie qui la sortit de ces réflexions :

- Cette jument est là où elle doit être, assura le jeune homme, c'est tout.

Elle avait redressé la tête, pour regarder le palefrenier. Vraiment… ? Elle regarda alors sa jument et hocha timidement la tête : oui, elle devait être là, après tout, ça ne faisait pas si longtemps qu’elles étaient arrivées, c’est vrai que sa peur et ses tourments n’allaient pas partir en une fraction de seconde… Ou en moins d’un mois. Alors, Léanne hocha la tête et soupira, elle devait se résigner à ne rien pouvoir faire… Mais bon, il y avait une certaine façon pour dire les choses ! En tout cas, elle remettait fortement la dévotion du garçon pour les chevaux en doute, peut-être était-ce même un de ces fameux résidents… ? Le domaine l’aurait embauché ? Mh… Bizarre. En tout cas, c’est sûr qu’il ne bossait pas pour le manoir, avec son tact et sa « hargne », il ne devait pas beaucoup aider les résidents ! Déjà que c’est limite avec les chevaux… Mais ça, Léanne le gardait bien pour elle.

Quand il émit l’idée qu’elle devait rentrer chez elle, Léanne s’était un peu légèrement braquée, comme si elle était décidée à ne pas bouger, comme si elle ancrait ses pieds dans le sol. Orage ou forte pluie ou non, elle n’aurait pas bougé. Sauf si c’est le directeur ou la police… Et encore.

- M-merci… Je n’ai pas envie de rentrer sous cette tempête et de toute façon, je ne laisserais pas Pearl… Même si je ne peux rien faire, je veux au moins lui montrer, que moi, je serais là pour elle… dit-elle en continuant de regarder la jument, Pauline t’a laissé, m-moi non…

La jument continuait de hennir à plein poumon, même si ses oreilles s’étaient tournées vers Léanne au mot « Pauline », les chevaux savent reconnaître des prénoms des gens qu’ils apprécient et ce n’était pas pour rien que Léanne avait employé le prénom de sa sœur… Mais, contrairement à ce qu’elle avait pensé, ça avait pris l’attention de la jument quelques secondes avant qu’un autre coup de tonnerre ne la ramène à la réalité.

Léanne se retourna alors vers le garçon une nouvelle fois :

- Il n’y a vraiment rien qui puisse aider ? Je sais qu’elle aime bien le bruit des miaulements ou des rires de bébé… Est-ce que si je mets ce genre de son, ça peut l’aider ? Si elle entend quelque chose d’autre ou si je rentre pour la prendre dans mes bras… ? Si j’arrive à détourner son attention, un peu comme on le ferait avec un chien ?

Qu’est-ce qu’elle croit ? Qu’un simple câlin va réussir à contrôler un animal de plus de 500 kg ? Puis, un cheval n’est vraiment pas comme un canidé ou un félidé...

Léanne regarda le garçon devant elle, elle commençait à le savoir qu’elle n’avait le droit d’être là ! Elle hocha la tête et lui répondit un peu séchement :

- Oui, j’ai compris. S’il n’y a pas d’orage, je n’ai rien à faire là de toute façon… dit-elle en regardant la jument.

Elle savait très bien que le garçon n’avait pas voulu dire ça mais plutôt qu’orage ou pas, si la pluie cesse, elle devait rentrer. Et Léanne lui avait fait comprendre que de toute façon, elle resterait tant qu’il y aura cet orage.

Mais plus important, la jeune fille voulait vraiment aider sa jument, mais encore une fois, elle avait percuté un mur, elle s’était à nouveau heurté au garçon et à son amabilité. Elle ne pouvait même pas essayer ? Mais d’un côté, il avait peut-être raison, ce n’est pas en vivant dans le passé qu’elle allait pouvoir avancer… Alors, Léanne soupira une nouvelle fois :

- Mais si pour le moment, c’est ça qui la rassure ? Regarde là, elle va vraiment se blesser ! dit-elle un peu plus fort, puis… personne ne t’obliges à rester avec moi… Je ne rentrerais pas dans le box, j’ai bien compris que ça ne servirait à rien…

Oui, après tout, pourquoi est-ce qu’il restait ? S’inquiète-t-il pour elle ? Pour la jument ? Ou juste pour s’assurer qu’elle ne vienne rien voler… ? Si c’est ça, s’il voulait vraiment la « surveiller », il pouvait le faire de loin, et la laisser faire comme « elle, elle le veut », non ? Non, Léanne savait très bien que ce n’était pas la bonne attitude à avoir… Et si, au contraire, sa présence ne faisait qu’inquiéter la jument en plus… ? Elle stressait peut-être encore plus de voir le garçon, un parfait inconnu ? Et si vraiment la meilleure solution actuellement était de s’éloigner ? Elle secoua la tête :

- Est-ce qu’on peut essayer ? Juste pour cette fois… Si ça peut au moins la rassurer un peu !

Elle ne comprenait pas trop pourquoi elle demandait l’autorisation à quelqu’un, peut-être qu’elle voulait se rassurer sur ces faits et gestes… ? Peut-être qu’elle voulait juste qu’on lui dise qu’elle ne se trompait pas ? Qu’elle avait les bonnes méthodes… ? Oui, elle aurait aimé que son père soit là… Mh, peut-être qu’elle pourrait appeler le vétérinaire ? Enfin, pas à cette heure-ci mais, demain ? Peut-être que lui, il aurait des conseils… ?

Sinon, elle ne pourrait qu’attendre comme ça, un peu comme une imbécile devant le box d’une jument affolée… Elle n’avait qu’à observer la détresse de Pearl sans pouvoir l’aider… Et donc allait-elle perdre encore plus la confiance de cette jument… ?
Léanne commençait à avoir froid, après-tout, elle était trempée d’avoir pédalé sous cette pluie, elle éternua mais ne bougeait toujours pas.

C’était peut-être de l’usure ou alors Jérémie avait vraiment baissé les bras, peut-être qu’il en avait marre de Léanne, mais au moins, elle avait réussi à le faire céder. Sûrement la première et dernière fois d’ailleurs.

mais tu la ferme et t'en parle à personne. »

Mais il aurait peut-être pu être un petit peu plus poli. Enfin bon, Léanne n’allait pas s’arrêter là-dessus, elle avait réussi à avoir l’autorisation du garçon pour tenter quelques choses sur Pearl et ça, c’était merveilleux. Enfin, pourquoi avait-elle besoin de son autorisation… ? Ce n’est pas comme s’il avait une certaine forme d’autorité ici, si ? Peut-être que si finalement : il travaillait ici. C’était suffisant pour Léanne pour avoir du respect, enfin, elle avait du respect pour tout le monde. Mais là, avoir son accord, c’était encore plus bénéfique pour la jeune fille, comme si elle ne risquait plus rien d’un coup… Est-ce que ça avait un côté rassurant ? Oui, sûrement. Pas que le garçon soit rassurant mais… avoir son autorisation l’était.

- Merci beaucoup !

La jeune fille venait donc de chercher sur son portable des vidéos des chats, elle en avait une qui pouvait fonctionner, une séance de jeu avec miaulement et ronronnement avec Elfy… Il faut dire que son chaton noir avait la capacité à - être beaucoup trop mignon – miauler beaucoup pour bavarder. C’est donc la méthode que Léanne allait essayer ; la vidéo lancée et le son à fond, plus qu’à attendre.

… La vidéo n’avait pas vraiment fait l’effet escompté. Pearl hennissait, certes, beaucoup moins mais parce qu’il n’y avait pas de coup de tonnerre et… Dès quand le tonnerre se fit entendre, c’était reparti de plus bel. Non, ça n’avait pas franchement été un succès et la revoilà qui se cognait presque contre son box…

- Allez… Pearl, s’il te plaît… Regarde, y a Elfy ! Tu l’aimes bien, non ?

Cet acharnement avait un côté légèrement pitoyable… Et si Léanne n’allait pas arrêté vite ou n’allait pas réussir, elle avait peur du courroux de l’homme à ses côtés, il allait lui hurler dessus : « Je te l’avais dis ! » ou encore « Tu me fais perdre mon temps de sommeil, dégages »… Ouais, elle le savait et, les larmes commencèrent à monter, Léanne allait, elle aussi s’écrouler si ça continuait… Alors, elle eut une autre idée, elle avait des vidéos, certes un peu ancienne, de sa sœur et sa filleule… Et si… elle essayait ça ? Peut-être que la voix de Pauline pouvait faire effet… ? Léanne allait essayer… Une vidéo des premiers pas de Lucie, ou des vidéos de « leur vie d’avant »… Léanne avait même (osé) mit une vidéo où Pauline est en train de faire des figures avec Pearl… Dont une où elle prononçait plusieurs fois le nom de la jument.

D’ailleurs, au premier « Pearl » prononçait par Pauline dans la vidéo, la jument s’était presque calmé, elle avait hoché la tête plusieurs fois, elle s’était même approchée et Léanne avait tendu la main pour la caresser… Est-ce que c’était vraiment bon niveau psychologique… ? Pas sûr. Est-ce que la jument pensait que l’humaine était réellement là… ?

- Tout va bien Pearl… Tout va bien… répéta la jeune fille en caressant la jument qui avait sorti sa tête du boxe, cherchant le contact avec le téléphone.

Jérémie allait sûrement engueulé Léanne, mais au moins, l’humaine était contente « elle s’était calmée ».

Léanne avait retrouvé un léger sourire, même si elle restait assez désemparée face à la situation… Et il faut dire que la présence du garçon à ses côtés n’aidait pas franchement la jeune fille à se détendre, oui, il était de mauvaise humeur ? Ce qui est assez logique. Mais était-ce une riason pour être aussi désagréable avec autrui… ? Heureusement qu’elle n’agissait pas comme ça au café ! Ou même dans sa vie privée, le garçon ne devait pas avoir beaucoup d’amis avec ce comportement… Enfin, ça, ce n’était pas très gentil non plus de juger comme ça.

- Les chevaux ne reconnaissent pas ce qu'il y a sur les écrans...surtout de cette taille.

Léanne le regarda en haussant un sourcil, et cette fois, elle était bien décidée à ne pas se laisser faire : il l’a prise pour une abrutie ou quoi ?! Elle se braque légèrement :

- Je le sais très bien ! Je ne suis pas idiote, moi aussi j’ai grandi avec des chevaux ! Et même si ça fait longtemps, ils sont très sensibles aux sons, même s’ils viennent d’un écran ! Alors certes, je lui ai dis « regardes », mais je ne visais pas vraiment à ce qu’elle regarde la vidéo ! C-c’était p-peut-être une erreure de langage, j’aurais dû être p-plus précise m-mais… m-mais… Elle entend très bien les sons ! s’écria-t-elle légèrement en le regardant, cette fois droit dans les yeux, p-puis… ç-ça à l’air de fonctionner… Au moins pour cette fois… C’est le temps que j-je trouve autres choses…

Elle avait un peu tremblé dans sa voix mais elle essayait de faire face au garçon, même si on avait l’impression qu’elle avait l’air de se convaincre elle-même… La jeune humaine continuait de caresser la tête de la jument, ses oreilles essayaient de capter les bruits environnants, comme si elle cherchait quelque chose… ou quelqu’un. Peut-être Pauline… ?

Enfin, Léanne reste comme ça quelques minutes et, étrangement l’orage semble s’être calmé… La pluie continue de tomber, mais l’orage semble s’être calmé. Léanne regarde alors Pearl qui semble être calmée totalement.

- Bon, tu vas être content, je vais rentrer ! lança-t-elle avec une légère colère.

Une colère contre le garçon ou envers elle… ?