Petite visite de routine (Camille)

Petite visite de routine

Quelle chaleur cet été ! Aurélien n'avait pas souvenir avoir déjà connu un été en Normandie avec ces températures là. Il avait bien tenté d'aller courir un peu dans la forêt en espérant que l'ombre des arbres serait suffisante pour l'aider, mais rien n'y fit. Il avait dû renoncer à son footing du matin car même dès l'aurore, la canicule s'imposait. Même Pagan, qui trottait à ses côtés, avait la langue bien pendante.

Bon tant pis, de toute façon, c'était bientôt l'heure de son rendez-vous à Almara. Voilà un petit moment qu'on lui avait demandé d'aller jeter un oeil à l'une des juments en rééducation là-bas qui avait des soucis de santé et qu'il fallait garder à l'oeil. Ce n'était qu'une visite de routine, rien de grave n'avait été signalé. Mais de temps en temps, un petit bilan ne faisait pas de mal. Le jeune vétérinaire rentra à Thabanon, son chien sur les talons. Il retourna rapidement chez lui pour y laisser le canidé et se préparer à affronter cette chaude journée de travail. Le village était si petit qu'il n'avait pas besoin de véhicule pour s'y déplacer. A pied, il se rendit dans sa clinique pour prendre son sac contenant le nécessaire à l'auscultation de sa patiente à venir puis prit la direction du domaine Almara.

Il y venait assez régulièrement pour vérifier l'état de santé des pensionnaires équins du centre. De pauvres bêtes qui n'avaient pas eut de chance dans leur vie et avaient besoin de réapprendre à faire confiance aux bipèdes. Généralement, il s'arrangeait pour ne croiser aucun résident. Il savait qu'il s'agissait de jeunes à la psychologie fragile et il n'était pas tellement qualifié pour les gérer. Autant déranger le moins possible la routine de ces derniers. Connaissant par coeur le chemin des écuries, le jeune homme traversa la cour avant de chercher Alessendro, le responsable des chevaux, afin de faire savoir sa présence, ce qui était un minimum. Puis, connaissant également sa patiente, il n'eut pas besoin de guide pour se rendre à son box.

- Alors ma belle, fit-il doucement à l'approche du box, comment tu te portes aujourd'hui ?

Plutôt pas mal, de ce qu'il pouvait en juger en la voyant brouter son foin tout en l'observant d'un oeil curieux. Rares étaient les animaux qui aimaient les vétérinaires, mais Aurélien avait un don pour se faire un minimum apprécié. En outre, Vagabone savait qu'il faisait toujours attention à ne pas lui faire de mal, à lui masser doucement sa jambe blessée en l'examinant, ce qui lui faisait toujours un bien fou. Puis, si elle était sage, elle avait droit à une petite gâterie en général à la fin de la visite. Mais le jeune homme arqua un sourcil en pénétrant dans le box. La jument avait ses bandages. En soi, rien d'alarmant mais à son stade de guérison, elle était censé ne plus en avoir. Enfin, ce n'était peut-être qu'une précaution au cas où. Ca ne pouvait pas lui faire de mal. En revanche, son regard s'attarda également sur son éraflure au flanc, qui avait entamé une bonne cicatrisation. Oui, on l'avait prévenu qu'elle avait heurté une branche lors d'une sortie. Il se pencha et tâta doucement l'entaille. Aucun signe d'infection et une belle cicatrisation déjà presque achevée. Pas de quoi s'affoler. Aurélien flatta l'encolure de la jument, le sourire aux lèvres.

- T'as fait des folies hein ? T'en fais pas, bientôt tu pourras en refaire sans retenue.

A condition bien sûr que sa convalescence se poursuive correctement. Dans un automatisme professionnel, il inspecta la jument pour s'assurer qu'elle allait bien, vérifiant que ses crins étaient en bon état, que l'éclat de son regard brillait toujours autant, que ses naseaux étaient propres, que ses dents n'étaient pas trop longues, que la corne de ses sabots n'avaient pas trop poussé, qu'elle n'avait pas de parasites sur son corps...-avec cette chaleur, les tiques s'en donnaient à cœur joie- Puis, il sortit de son sac son stéthoscope pour commencer à vérifier son cœur d’athlète.

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Camille se remettait doucement de sa rencontre avec Tessa. Ses blessures guérissaient assez bien, ses côtes, ses mains, tout était remis dans l’ordre, il ne gardait plus qu’une très légère bosse sur son nez maintenant. De plus, il avait aussi changé de chambre, et Ozvan était un colocataire beaucoup moins turbulent que ces deux précédents. Sa seule hantise était de croiser à nouveau Tessa et de ne pas arriver à se sortir de ses griffes. Qui sait ce qu’elle pourrait lui faire …

Mais malgré tout sa vie reprenait son cours et il essayerait d’oublier cette mésaventure du mieux qu’il le pouvait. Même s’il ne se l’avouait pas vraiment, ce qu’il lui était arrivé l’avait peut-être secoué plus qu’il ne l’osait l’admettre. Mais heureusement il avait toujours Vagabone. Il la chouchoutait d’ailleurs peut-être un peu plus qu’il ne l’aurait dû. Mais depuis qu’il n’avait pas réussi à la tenir correctement, il s’en voulait énormément.

D’ailleurs, après son petit entrainement matinal, il fonçait directement s’occuper d'elle. La jument ne lui ferait aucune remarque sur sa tenue de sport, ses cheveux décoiffés et son odeur de sportif en sueur. De toute façon, avec la chaleur, qu’il court ou pas avant de s’occuper de Vagabone, il sentait toujours autant à la fin. Il arriva enfin à l’écurie et marcha d’un pas décidé vers le box de sa jument.

Mais quelle ne fut pas sa surprise de voir quelqu’un d’inconnu à l’intérieur de celui-ci. Il fronça ses sourcils et accéléra le pas en cherchant un des palefreniers du regard pour avoir un peu d’aide pour chasser l’intrus. Ne voyant personne dans les alentours, il prit son courage à deux mains et interpella l’inconnu.

« Hey ! Vous êtes qui vous ? Qu’est-ce que vous faites dans le box de ma jument ? »

Ce type tripotait Vagabone, il était bien trop près d’elle pour simplement être en train de nettoyer le box ou de la brosser. Il n’arrivait pas à voir ce qu’il faisait exactement et cela l’angoissait. Même s’il était effrayé, il essayait de garder un ton et un comportement assez calme pour ne pas faire peur à sa jument. Il ne manquerait plus qu’elle panique dans son box et se refasse mal.

Camille ouvrit le box, mais hésita à entrer à l’intérieur. Il lutta contre lui-même un petit instant, se disant qu’il ne risquait rien ici et se glissa à côté de l’homme sans lui demander son autorisation.

« Qu'est-ce que vous lui faites ? »

Petite visite de routine

Concentré qu'il était sur les palpitations cardiaques qui résonnait dans son stéthoscope, Aurélien ne fit pas attention aux pas qui approchaient du box. Il avait bien plus à se préoccuper du coeur à sa portée, surtout pour une jument de sport. C'était l'un des points les plus important à vérifier. Avec l'absence d'efforts, il ne faudrait pas que ce dernier devienne trop mollasson. C'était un rude changement de vie qu'avait subit Vagabone en passant des courses folles à une convalescence sans bouger. Fort heureusement, le vétérinaire ne décelait rien d'anormal dans ce qu'il entendait. Le regard sur sa montre, il comptait les battements par minutes. Ni trop, ni pas assez. C'était plutôt pas mal. Aucun souffle apparent non plus. Aucune défaillance quelconque.

Une voix s'éleva si soudainement que le trentenaire se redressa vivement, prit par surprise. Il ne fut pas le seul d'ailleurs. Son geste un peu trop brusque avait fait relever la tête de la jument qui piaffa nerveusement, mécontente. Aurélien se tourna aussitôt vers l'individu qui se trouvait face au box. Ce serait plutôt son coeur à lui qu'il devrait vérifier à présent ! Il se rendit compte alors qu'il avait probablement affaire à un résident. Du moins, le garçon avait l'air bien jeune et il prenait cet animal pour sa propriété. Ca ne pouvait pas être un propriétaire puisque le vétérinaire connaissait le passif de l'équidé et ses maîtres étaient à des milliers de kilomètres d'ici. Voilà qui engageait une problématique. Aurélien doutait fortement avoir le droit d'interagir avec les jeunes du pensionnat.

- Mon grand, tu devrais revoir tes entrées, lança t-il à l'adolescent histoire de détendre un peu l'atmosphère.

Il flatta l'encolure de la jument pour la calmer, entendant celle-ci souffler des naseaux. Le garçon pénétra le box avec une certaine précaution, visiblement méfiant. Aurélien ôta les écoutes de son stéthoscope des oreilles et le glissa autour de son cou.

- Eh bien...Je l'ausculte, déclara l'homme assurément, je suis le Docteur LeCerf. Et toi, jeune homme, je suppose que tu es le tuteur de cette demoiselle ?

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Malgré sa grande taille, Camille se faufila dans le box adroitement, s’invitant à côté de son visiteur sans rien demander son reste. Il n’était clairement pas très à l’aise d’être dans le box de sa jument avec cet inconnu. Mais avec Vagabone à ses côtés, il avait un peu plus de courage qu’il n’en aurait en temps normal et il avait un don pour paraître beaucoup plus sûr de lui qu’il ne l’était en réalité.

« Vous l’auscultez ? Elle a un souci ? … Personne ne m’a rien dit … »

Camille n’aurait jamais pu se douter que de côtoyer des chevaux lui ferait éprouver de tels ascenseurs émotionnels. Il passait de la colère à l’inquiétude à une fraction de seconde. Et ce n’était pas une chose très agréable. Il quitta le vétérinaire des yeux et parcouru le corps de Vagabone du regard. Tout paraissait en ordre, mais il n’était sûrement pas là pour rien … ? Ce type avait l’air vachement détendu, surtout si cette jument était malade.

Oh mon Dieu … Vagabone était malade … Le teint de Camille devint un petit peu plus blanc … Mais alors qu’il se mettait une claque mentale afin de ne pas se mettre à paniquer avant d'avoir eut les preuves qu'une quelconque maladie. C’était peut-être et sûrement une simple visite de contrôle pour sa tendinite. Il fallait qu’il arrête d’imaginer le pire. Il souffla doucement pour faire descendre son stress et commença à caresser la jument.

« Oui, c’est moi qui m’occupe d’elle. Je soigne sa patte, je la nourris, et je fais tout pour qu’elle se sente comme une reine ici. »

Le regard de Camille oscillait toujours entre l’inquiétude et l’agacement. Il était toujours inquiet de la présence du vétérinaire ici, mais en même temps, il était dans le box de Vagabone et personne ne lui avait dit qu’elle allait avoir de la visite. Il détailla l’homme du regard, Docteur LeCerf … Il en avait l’allure. Enfin du point de vue de Camille qui n’avait jamais vue de vétérinaire avant ça. C’était le stéthoscope qui lui faisait dire que ce type était vraiment ce qu’il disait être. Et puis il avait l’air de savoir ce qu’il faisait ici. Mais on disait que l’habit ne faisait pas le moine, non ?

Après de longues secondes d’observation, l’adolescent fini par se détendre. Si personne ne l’avait foutu dehors c’est qu’il devait vraiment avoir ses raisons d’être là et qu’il en avait le droit. Il abandonna l’encolure de Vagabone pour tendre sa main vers l’homme en face de lui.

« Je m’appelle Camille. Mais vous pouvez m’appeler Milo. »

Son visage se détendit enfin et il lui sourit gentiment.

Petite visite de routine

Aurélien avait retrouvé le sourire en se rendant compte qu'il avait simplement affaire à un gamin. Gamin qui ne tarda pas à pénétrer à l'intérieur du box et dont le malaise était perceptible par l'homme qui ne l'avait pas lâché des yeux. Lorsqu'il expliqua la raison de sa présence ici, l'adolescent parut subitement inquiet. Le vétérinaire ne perdit pas son sourire amical.

- En tout cas, si elle en a un, celui-ci est bien dissimulé. Pour le moment, je n'ai décelé aucun problème.

Elle débordait d'énergie, bien au contraire. Chaque fois qu'il posait une main sur elle, il pouvait sentir les muscles saillir sous sa peau et son poil immaculé. La jument ne désirait qu'une chose, se défoulait. Chose qu'elle ne pouvait plus faire depuis qu'elle avait eut cette tendinite. L'homme reposa son regard sur l'inconnu.

- Excuse-moi. Je ne pensais pas que quelqu'un viendrait. J'osais espérer qu'on aurait prévenu les concernés de mon arrivée pour avoir le champ libre mais j'imagine qu'un oubli est toujours possible.

Ce n'était pas tant que ça un problème mais il était vrai que la venue de cet inconnu l'avait quelque peu dérouté. Tout comme sa présence avait dérouté l'adolescent d'ailleurs.

- Dans ce cas, ton but est atteint. Elle m'a l'air parfaitement à l'aise ici. Et en bonne santé.

Bon, elle avait reçut une petite éraflure sur le flanc. Soit. La blessure avait été si bien soigné qu'on la voyait à peine. Aurélien n'allait pas chipoter. Il n'avait même pas besoin d'intervenir dessus. Quand le jeune homme se présenta finalement en tendant la main, le vétérinaire eut une seconde d'hésitation. Ce n'était pas de la crainte, il se demandait simplement s'il pouvait se permettre également des contacts physiques avec les résidents d'ici. Il était au courant que certains pouvaient vraiment être atteints et instables et n'avait pas envie de causer du tort à qui que ce soit. Néanmoins, il serra tout de même chaleureusement la main de l'adolescent.

- Très bien Milo, se permit-il aussitôt, peut-être pourrais-tu me seconder un peu, qu'en penses-tu ?

Ca aussi, il n'avait peut-être pas le droit de le demander. En temps normal, quand il avait besoin d'être secondé, il faisait appel à un palefrenier ou quelqu'un du personnel. Mais à vrai dire, il n'avait pas très envie de jeter ce garçon dehors. Il ne le dérangeait pas et ça ne serait pas très sympa. Il avait plutôt l'air stable alors pourquoi pas l'occuper un peu ? En vérité, Aurélien n'avait nul besoin d'aide. Il avait surtout dit cela pour éviter que Camille ne se sente comme un fardeau inutile à rester planté dans le box comme une meule de foin.

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Camille fut grandement rassuré quand le vétérinaire lui dit qu’il ne semblait pas avoir trouvé de problème sur Vagabone. Ça c’était une bonne nouvelle, pour elle comme pour lui. Hormis les blessures de type "sportive" comme la tendinite de la jument, il n’avait aucune idée de quelles autres maladies ou problème les chevaux devaient souffrir. Donc il était véritablement soulagé qu’elle n’ait rien.

Puis, le docteur s’excusa, sûrement du fait que personne n’ait prévenu Camille de sa présence. Et Camille fut soudain assez gêné. Ce n’était pas grave … C’est lui qui avait mal réagi en plus dans cette histoire.

« Vous n’avez pas à vous excuser. J’ai été un peu cavalier dans mon comportement. Je viens plus tôt d’habitude. Ils ont dû penser que j’avais un rendez-vous ou un truc du genre. Mais j'étais seulement allé courir avant qu'il ne fasse trop chaud … »

Camille n’avait pas tellement envie d’exposer son emploi du temps à cet homme. Cela faisait toujours mauvais genre quand on commençait une conversation par « J’avais rendez-vous avec mon psy ». Même si aujourd'hui se n'était pas le cas, il n'aimait pas trop annoncer ça comme ça. Heureusement cette fois-ci c'était simplement une séance de jogging qui l'avait retenue. Il fallait qu’il boucle ça et les soins de Vagabone avant que la chaleur ne tombe et que la torpeur ne prenne tout le monde jusqu’au soir. C’était vraiment infecte cette chaleur. Mais la jument ne paraissait pas trop incommodée par ça. Heureusement pour Camille qui se voyait mal aller doucher Vagabone. Il allait falloir qu’il apprenne, mais pour le moment, il préférait éviter de la faire trop sortir.

Alors qu’il pensait justement à l’incident en question, le vétérinaire lui dit qu’il s’en occupait assez bien de ce qu’il voyait. Mais le jeune homme ne paraissait pas convaincu. Il avait failli gâcher tous les soins et le repos qu’elle avait déjà reçu seulement parce qu’il avait été incapable de la tenir. Donc, il émettait lui-même un gros doute sur sa capacité à lui donner ce dont elle avait besoin. Il s’appliquait, ça c’était sûr, mais il savait qu’il n’était pas assez bon.

« On va dire ça … Elle s’est quand même blessée à cause de moi … »

Camille avait soufflé ça entre ses dents, il avait vraiment du mal à ne plus penser à cet incident. Il n’aimait pas décevoir les gens. Et il aimait encore moins faire du mal à la seule chose qui le faisait se sentir mieux.

Mais, la dernière phrase du vétérinaire l’étonna au plus haut point. Déjà, il ne put s’empêcher de sourire quand ce dernier l’appela Milo, et il fut encore plus étonné de la demande qu’il lui faisait.

« Euh … Je veux bien. Mais, je ne suis pas un pro des chevaux. Enfin, je sais m’occuper d’elle et je sais effectuer les soins que l’on m’a expliqués, mais … Je ne veux pas faire de bêtise et vous gêner. »

Petite visite de routine

C'était la moindre des choses que le vétérinaire s'excuse même s'il avait été convenu de toute façon qu'il passe aujourd'hui pour Vagabone. Il avait sans doute fait peur au garçon et c'était probablement ça qui avait déclenché les paroles un peu audacieuses de ce dernier. Aurélien n'en voulait pas du tout au résident. Au contraire, il lui décocha un sourire pour répondre :

- Ah, monsieur aime se dépenser à ce que je vois. J'aime bien courir aussi. Je trouve ça parfait pour se réveiller le matin.

Le jeune homme n'était pas un sportif comme Camille. Il ne courait que pour se dérouiller un peu les jambes, rien de plus. Ca lui faisait des balades en forêt particulièrement agréables. Il en profitait chaque fois qu'il le pouvait car en général, ce n'était pas la pluie qui manquait par ici. Sauf cet été où la canicule avait décidé de frapper la région. En revanche, l'adolescent n'avait pas l'air particulièrement d'accord avec les affirmations du vétérinaire qui venait de lui annoncer qu'il s'occupait bien de sa jument. L'homme pointa du doigt la cicatrice sur le flanc de l'animal.

- Quoi ? Ca ? Allons bon, ça arrive même au meilleur ! Une branche, de ce que j'ai cru comprendre, n'est-ce pas ? Qui n'a jamais été éraflé par un arbuste dans sa vie, hm ? Ce n'est vraiment pas bien grave. J'y ai jeté un coup d'oeil en plus, la plaie a été soigné à la perfection. Je n'ai même pas besoin d'intervenir dessus. Tu as su réparer ton...ta maladresse avec brio. D'ici quelques jours, on ne verra plus rien.

Il avait manqué de peu de dire "erreur" au lieu de "maladresse" et il avait senti que ça ne passerait sans doute pas très bien. Même si tout le monde avait droit à l'erreur. Si on voulait empêcher un cheval d'avoir le moindre petit bobo, on l'enfermait en chambre stérile jusqu'à la fin de sa vie et puis voilà. Ce qui ne serait pas une vie, on était d'accord. La vie, c'était ça aussi. Des risques, plus ou moins graves. Le but de l'existence même était de les surmonter, de se renforcer pour continuer à aller de l'avant. On avait rien sans rien.

- Je ne te demande pas grand chose si tu le veux bien, s'empressa de répondre l'homme avec un large sourire, je vais examiner sa tendinite et il se peut qu'elle n'apprécie pas trop. Si tu pouvais simplement l'occuper un peu et la dorloter le temps que je m'y mette, la tâche me sera plus aisée.

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Camille sourit en entendant que le vétérinaire était lui aussi adepte de course à pied. Mais contrairement à l'adolescent, ce dernier faisait ça pour se réveiller.

« Moi, je trouve que ça aide à se vider la tête. J’adore courir, je faisais même de la compétition avant. »

"Avant" c’était bizarre de dire ça ainsi. À croire que tout été différent depuis qu’il était ici. Il aimait penser comme ça. Mais, il se doutait que les quelques petits mois qu’il avait passé ici, n'avait pas suffit à refaire tourner son monde rond. D’ailleurs, rien qu’à penser à cet "avant", Camille avait son ventre qui se nouait. Mais heureusement, la conversation tournait avant tout autour de la beauté dont il prenait soin.

Il ne restait pas hermétique sur la tentative du véto pour le rassurer quant à l’incident. Mais Camille restait persuadé qu’il avait merdé au plus haut point.

« C’est pas vraiment moi qui l’ai soigné, c’est Jérémie le palefrenier. En plus, comme elle a galopé, on été très inquiet pour sa jambe … Donc ma maladresse aurait pu tout foutre en l’air. »

Sur le coup, c’était bien le palefrenier qui avait tout géré de A à Z. Lui n’avait été capable de rien faire, plus à cause de ses blessure que par mauvaise volonté. Mais heureusement pour Vagabone l’équipe d’Almara en charge des chevaux était des plus compétentes. Camille avait seulement pris la suite sur les jours suivant, mais le plus gros était déjà fait. Et il espérait vraiment que le vétérinaire disait vrai et que dans quelques jours, on ne verrait plus rien. Qu’est-ce qu’il dirait pour sa défense si la jument gardait une cicatrice à cet endroit ?

Mais bien vite le docteur Lecerf lui expliqua ce qu’il attendait de lui. Et le sourire de Camille s’étira. Il n’y avait rien de bien compliqué, la dorloter, c’est ce qu’il faisait tous les jours depuis qu’il avait commencé à s’occuper d’elle. Donc il maîtrisait ça quasiment à la perfection.

« Ah, ça je sais faire ! Vous saviez qu’elle adore qu’on la gratte juste derrière les oreilles ? »

Tout en disant ça, Camille s’éloigna de l’homme pour le laisser travailler et se plaça plus près de la tête de Vagabone. D’ailleurs, dès que le jeune homme se plaça devant elle, elle ne manqua pas de lui renifler les poches. Mais malheureusement pour la jument, Camille n’avait pas encore récupéré de pomme au self-service et n’avait donc rien à lui offrir.

Il se contenta donc de l’occuper en la couvrant de caresse et de grattouilles et en lui murmurant quelques mots.

« C’est sûrement pas très agréable, mais bientôt ça sera fini et tu pourras retourner courir autant que tu le veux. Les médecins ne sont pas vraiment sadiques, ma belle. Il ne veut pas te faire de mal. »

Le blond faisait tout pour garder l’attention de sa protégée. Quand elle semblait s’agacer ou qu’elle commençait à bouger pour retourner à son foin, ignorant ce que lui faisait le vétérinaire, Camille essayait de re-capter son attention en lui grattouillant le bout du nez.

Petite visite de routine

Se vider la tête ? Oui, pourquoi pas. Aurélien n'avait jamais utilisé le jogging pour ça en tout cas.

- Vraiment ? Impressionnant ! Tu t'en sortais ?

Le trentenaire aurait évidemment été tenté de lui demander pourquoi il avait arrêté mais il retint sa curiosité. Il craignait trop de faire une gaffe en titillant de trop près le passé des résidents. C'était à cause de lui qu'ils étaient ici dans le présent. Autant ne pas s'amuser à raviver quelconques souvenirs. C'était leur vie personnelle et il n'avait pas à s'en mêler. Il n'était pas psy. Il n'était même pas membre du personnel de cet endroit. Il devait se concentrer sur les chevaux avant tout. Et sa séance d'aujourd'hui était consacrée notamment à la jument blanche ici présent. L'adolescent donna alors quelques détails de plus sur l'incident de cette dernière. Aurélien hocha la tête de compréhension lorsqu'il lui avoua que ce n'était pas lui qui s'était occupé de sa plaie.

- Les chevaux sont des animaux instables. Ca peut nous arriver qu'ils nous échappent, même aux professionnels. Il ne faut pas dramatiser pour ça. Elle s'en ait tiré après tout, non ?

Le vétérinaire n'avait pas très envie que l'adolescent se fasse du mouron pour rien. Il n'y avait rien eut de grave ce jour là alors l'homme considérait que ce n'était pas la peine de s'en faire. C'était ainsi qu'il était, Aurélien. Bon à s'inquiéter que s'il y avait matière à le faire. Pas avant, et pas après non plus d'ailleurs. Son professionnalisme jouait beaucoup sur ça. Parce qu'il savait ainsi si les choses étaient grave ou non. Heureusement, il parvint à faire changer les idées à Camille en lui demandant de s'occuper de l'équidé durant son auscultation.

- Non, lança Aurélien, jovial, je suppose que je connais mieux les problèmes des chevaux que leurs petits plaisirs !

Il laissa faire l'adolescent, tandis qu'il s'accroupit auprès de la jambe lésée de la jument. Il entreprit alors de défaire les bandes, non sans sourire de ce qu'il entendait au-dessus de sa tête. Il paraît que même certains humains prenaient leurs toubib pour des bourreaux ! Sauf qu'aux humains, on pouvait leur expliquer. Mais les animaux, hélas, ne comprenaient pas du tout ce qu'on leur faisait. Ils sentaient juste que ça faisait mal sans se douter que c'était pour leur bien. Une fois toutes les bandes enlevées, l'homme commença par observer la jambe dans son ensemble qui n'avait rien de particulier à part la zone graisseuse dût à l'application des soins. De ses mains assurées, l'homme entreprit alors de palper délicatement l'endroit où se trouvait la tendinite. Dès qu'il y allait un peu trop fort, la jument s'agitait. Il ne cherchait pas à lui faire mal, comme l'avait si bien dit Camille, mais c'était sa manière à lui de demander au cheval si elle avait mal quand il forçait ici et là. En guise de réponse forcément, l'animal exprima son mécontentement. Les deux mains enroulées autour du membre mal en point, l'homme les faisaient glisser de tout son long, se concentrant sur ce qu'il ressentait, le placement du tendon, la tension dans les muscles...Il finit par lui faire soulever le sabot, comme s'il voulait le lui curer. Au lieu de quoi, il testa doucement les différentes articulations de la jambe. La moindre résistance perçut dans ses mouvements étant synonyme de sensations désagréables ou douloureuse de la part de la jument.

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Camille fut un peu étonné que ce dernier s’intéresse à ce qu’il venait de lui dire concernant, apparemment, leur passe-temps commun. Il resta quelques seconde un peu étonné, puis se lança.

« Plutôt pas mal. Je faisais des courses de demi-fond, 800 et 1500 m, j’ai même fini second dans les deux aux championnats nationaux. Mais, je commençais à m’entraîner pour les courses de fond, et là, mes résultats n’étaient pas terribles. Enfin, maintenant je cours juste pour moi. Et c’est très bien comme ça. »

Cela faisait bizarre à Camille de parler de ça, il ne parlait à personne de cette partie de son existence. Pourtant, elle avait dirigé sa vie jusqu’à maintenant. Toutes ses journées étaient réglées autour de son entraînement et quasiment tous de ses problèmes découlaient aussi de ça. Mais maintenant c’était derrière lui. Il était ici, il avait Vagabone et personne ne pourrait lui faire du mal … Enfin presque personne.

Il écouta encore une fois le vétérinaire essayer de dédramatiser l’incident, Camille avait vraiment du mal à se laisser convaincre, il ne fit que hausser les épaules à la question de ce dernier. Elle s’en était sortie, ça oui, mais sa patte ? Qu’en était-il vraiment … Elle s’était peut-être reblessé ? Et puis, il était là lui, ce n’était sûrement pas une coïncidence qu’il passe si peu de temps après l’accident … Non ?

Mais Camille repoussa ses mauvaises pensées, ce n’était pas le moment de se morfondre. D’ailleurs, le garçon était content que le vétérinaire lui demande de l’aide et la conversation continua un petit peu sur une note un peu plus légère.

« Moi je connais que les petits plaisirs de Vagabone, je ne m’occupe que d’elle. Vous, vous vous occupez de plein de chevaux, c’est vraiment classe !! »

Puis Camille se tut, laissant l’homme travailler. Et même si toute son attention était tournée vers Vagabone, il ne pouvait s’empêcher de jeter un œil à ce que faisait le vétérinaire. Il observait chacun de ses gestes, se retenant de lui poser des questions toutes les cinq minutes. Il se demandait bien ce que ce dernier pouvait comprendre quand il palpait la jambe de la jument. Mais sa curiosité finie par l’emporter.

« Vous lui faites quoi ? »

Son ton était clairement empreint de curiosité. Il resta tout de même à sa place, continuant de s’occuper de sa jument. Il avait remarqué que parfois cette dernière n’appréciait vraiment pas ce que lui demandait l’homme. Et il faisait tous ce qu'il pouvait pour que cette dernière reste le plus calme possible.

Petite visite de routine

Aurélien avait complètement laissé tombé l'idée qu'il ne devrait peut-être pas trop interagir avec les résidents du domaine. Difficile pour lui de garder sa langue derrière ses dents quand il y avait matière à la conversation. Il essayait de résonner logiquement : ça ne pouvait pas faire de mal à un résident de discuter un peu avec quelqu'un de l'extérieur.

- Second dans des championnats nationaux ! répéta t-il, admiratif, je comprends. C'est bien aussi d'agir pour soi-même plus que pour autre chose.

Aurélien avait besoin de faire bouger son corps, histoire que ce dernier ne rouille pas à force d'être courbé sur des tables d'opération ou d'auscultation. Vétérinaire n'était pas un métier reposant, mais ce n'était pas un métier sportif pour autant. L'adolescent ne voulait apparemment pas croire l'homme et ce dernier n'insista pas d'avantage. Le jeune homme finira bien par se rendre compte par lui-même qu'il y avait des situations bien pire que ça et que tout le monde pouvait faire une erreur de temps en temps. C'est alors que Aurélien songeait à une chose. Peut-être que l'adolescent pensait cela parce qu'il avait été sévèrement réprimandé après l'incident ? Sans doute lui avait-on laissé porter lourdement cette faute. Si c'était le cas, le système de cet endroit était à revoir !

- C'est vrai, malheureusement je ne m'en occupe que parce qu'ils en ont besoin et le plus souvent, c'est tout sauf un bonheur pour eux !

Au moins, Camille était bien vu par la jument parce qu'il n'était pas celui qui lui faisait du mal, mais celui qui la chouchoutait chaque jour. Heureusement que Aurélien savait quand même amadouer un peu les bêtes pour que celles-ci ne cherchent pas constamment à le fuir ou à le chasser dès qu'il se présentait à elles.

- Je vérifie l'évolution de sa tendinite, répondit l'homme sans baisser sa concentration sur ce qu'il faisait, toujours avec des gestes mesurés et précis et surtout loin de toujours convenir à Vagabone.

Après un moment, il entreprit de procéder à quelques massages histoire de se faire pardonner de cette manipulation peu agréable pour elle.

- Ca ne s'est pas aggravé en tout cas, conclut-il histoire de rassurer l'adolescent, il faudra continuer les soins comme d'habitude mais il n'y a plus besoin de bandes. Pourras-tu le transmettre au personnel s'occupant des chevaux ? Enfin, si ça ne te dérange pas et si tu as leur confiance.

Parce qu'il pouvait se douter que parfois, la parole d'un adolescent, et surtout d'un jeune à problème, ne risquait pas forcément d'être prise au sérieux. Si les gens d'ici avaient besoin de la confirmation d'un spécialiste, alors Aurélien ira donner son rapport en main propre. Ce n'était pas un problème pour lui. De toute façon, il faudra qu'il passe voir un supérieur pour les honoraires.

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Le blond n’arrivait pas à dissimuler son enthousiasme par rapport au métier de son interlocuteur. Il le trouvait génial ! Et quand Camille avait quelque chose en tête, il était très difficile de tempérer ses avis et encore plus de lui en faire changer.

« Mais vous les soignez. Et ça c’est cool. Même s’ils n’aiment pas ça. Personne n’aime les docteurs de toute façon, mais ils sont là pour notre bien. Je suis sûre qu’elle comprend que vous ne l’embêtez pas pour le plaisir. »

Camille rit légèrement.

« Enfin, je suis hypocrite, je dis ça alors que je suis le premier à vraiment pas aimer les docteurs et à tout faire pour les éviter. »

L’adolescent laissa la conversation s’éteindre alors que Monsieur LeCerf examinait la jument.

Camille avait encore plein de questions à lui poser, concernant les gestes qu’il faisait et même son massage. Il avait surement plein de truc à apprendre de cet homme. Et puis il ne pouvait pas nier que son métier ne l’intéressait pas du tout. Dans une autre vie, Camille aurait très bien pu devenir vétérinaire. Il en avait les capacités et ce projet l’aurait bien plus motivé que celui de ses parents de faire de lui un avocat. Mais maintenant c’était trop tard, et il était hors de question qu’il se la lance dans de longues études, il n’y arriverait pas. Même s'il essayait de reprendre une vie normale, il se voyait mal entrer en classe prépa juste après être sortie d'Almara.

Puis le vétérinaire lui donna la mission de prévenir l’équipe que Vagabone n’avait plus besoin de bandes. Camille était ravie que ce dernier lui fasse confiance, mais il ne savait pas vraiment le poids qu’auraient ses paroles s’il annonçait lui-même ce que le vétérinaire lui aurait dit. Et donc, même s’il accepta, il émit quelques réserves.

« Euh … Oui, je veux bien. Mais je pense qu’il serait bien que vous le fassiez aussi. Histoire qu’il ne pense pas que je flemmarde à plus vouloir lui mettre de bande. »

Il sourit de manière contrite. Il aurait aimé que Vagabone soit à lui, vraiment à lui, et qu’il puisse annoncer les recommandations du docteur sans avoir peur qu’on ne le croie pas. Mais même si la jument n’était pas à lui, il en avait la responsabilité et quitte à avoir quelqu’un qui s'y connaissait en tendinite, il n’allait pas le laisser partir comme ça.

« Et question sortie ? Elle a le droit de retourner marcher dehors ou pas encore ? Et si oui, sur quel type de sol ? J’ai lu que suivant le type de tendinite qu’elle avait, il fallait soit privilégier un sol dur, soit un sol mou. Donc je ne voudrais pas faire de bêtise. »

Petite visite de routine

Le trentenaire sourit. Il n'avait pas dit ça à Camille pour se plaindre de son métier, loin de là. Pour rien au monde, il voudrait changer. Les chevaux étaient une passion, la médecine une autre. Les deux combinés formaient le meilleur métier du monde même si on ne se faisait pas forcément des amis parmi la race équine.

- Je le pense aussi, elle est intelligente, répondit-il alors.

Depuis la perte de son propre cheval, Aurélien savait que c'était à cela qu'il voulait consacrer sa vie : soigner les animaux, les chevaux en particulier et tout faire pour que jamais ils ne subissent un sort dramatique. A l'aveu de l'adolescent, le vétérinaire s'autorisa un regard complice vers lui avant de lui dire tout bas comme s'il s'agissait d'un secret :

- Nous sommes deux !

Puis, il se concentra à nouveau sur la jambe de Vagabone. Pouvait-on blâmer ceux qui n'aimaient pas les toubibs ? Se faire manipuler, tripoter, le plus souvent à des endroits douloureux, se faire piquer, finir presque nu pour le plus grand des embarras...Non vraiment, il n'y avait rien qui était plaisant lorsqu'il fallait se faire soigner. Mais bon, le plus souvent, personne n'avait le choix. C'était là ou voir son état empirer jusqu'au point de non retour.

Aurélien ajouta le gel habituel pour la jument. Puisqu'il était là, tant qu'à faire. La réponse du jeune homme ne l'étonnait pas du tout et il s'y attendait un peu à vrai dire. A ces mots, il devinait ainsi qu'on ne faisait visiblement pas tellement confiance à l'adolescent au point de pouvoir supposer qu'il était capable de bâcler un travail. Soit.

- C'est prévu, rassura t-il, du moins auprès du directeur, histoire d'avoir à éviter de chercher partout les responsables d'écurie. Je n'ai pas vu Alessendro en arrivant et il n'est pas facile à dénicher !

Cet homme était pourtant le plus à même à recevoir ce genre d'informations puisqu'il gérait tout ce qui touchait aux chevaux. Mais il était constamment occupé à droite, à gauche et le vétérinaire n'était pas forcément motivé à faire le tour du propriétaire pour espérer mettre la main dessus. Enfin, avec un peu de chance, il le trouvera peut-être dans le bureau du directeur. Ces deux là se connaissaient depuis si longtemps.

- Excuse-moi, ajouta t-il, je ne voulais pas te mettre dans l'embarras.

Ce garçon ne lui devait rien après tout. Ce n'était pas son pigeon voyageur. L'homme se redressa finalement, attrapant un tissu dans sa sacoche pour s'essuyer les mains pleines de gel.

- Eh bien tant qu'elle garde un rythme calme au pas, dans son état actuel, il n'y a pas vraiment de restriction pour elle. Il faudra simplement encore éviter les terrains trop instables comme les sols boueux ou à graviers sur lesquels elle pourrait glisser ou trébucher au risque d'aggraver son cas. Même tarif pour les pentes.

Codage par Libella sur Graphiorum

Camille sourit franchement, fier que le vétérinaire et lui aussi remarqué l’intelligence de Vagabone.

« Oui, très intelligente ! J’espère qu’elle pourra bientôt ré-avoir une vie normale, je suis sûr qu’elle s’ennuie ici. C’est horrible de vivre une vie ou on peut pas faire ce que l’on aime. Enfin, j’espère qu’elle aime courir … Mais vu ce qu’elle m’a montré la dernière fois, je crois que oui. »

Ah ça … Même si à ce moment-là il avait été terrorisé de la voir partir entraîner par l’autre cheval, il se souvenait très bien de l’impression de puissance qu’elle avait dégagée alors qu’elle se lançait au galop elle aussi. C’était impressionnant. Cette jument était faite pour courir, c’était indéniable.

Le blond sourit quand le vétérinaire lui dit que lui non plus n’aimait pas les médecins. Il se sentait moins seul sur le coup. Mais rien que son aventure avec l’infirmier lui avait suffi pour le reste de l’année. Et heureusement pour lui que rien n’avait été cassé, hormis son nez, il avait ainsi échappé à l’hôpital. Ça aurait été tellement pire … Maintenant, il se méfiait un peu plus des autres résidents et prenait un peu plus de précaution en s’occupant de sa belle dame à la robe blanche.

Il était hors de question qu’il soit à nouveau obligé de côtoyer le corps médical dans les prochains jours.

Camille ne sut littéralement pas où se mettre quand le vétérinaire s’excusa.

« Oh, vous ne me mettez pas dans l’embarras. Je suis juste réaliste. Je ne suis peut-être pas un délinquant, mais ça ne fait que quelques mois que je m’occupe d’un cheval. C’est normal qu’ils n’aient pas confiance en moi. Et puis, d’autres résidents sont plus … comment dire … septique quant au bienfait que leur apporterait le fait d’avoir un ami équin. »

Après sa question sur la reprise d’activité de sa protégée, l’adolescent écouta attentivement le docteur. Il n’avait vraiment pas l’air contre cette idée-là. Et les sentiments de Camille étaient mitigés sur cette idée. Il était à la fois heureux qu’elle puisse de nouveau reprendre un peu d’activité mais d’un autre côté cela l’inquiétait.

« Je vais voir pour reprendre les tours d’écuries alors. Si Jérémie est d’accord et si je me sens de la tenir évidemment. »

Il n’avait pas été traumatisé par la fuite de Vagabone de la dernière fois, mais il appréhendait vraiment le fait de devoir la ressortir et de ne pas arriver à la gérer à nouveau. La dernière ça c’était plutôt bien passé, mais si elle recommençait et qu’elle ne s’en sortait pas aussi bien cette fois-là … Cela l’angoissait un tout petit peu.

Petite visite de routine

Aurélien acquiesça aux paroles de l'adolescent. Enfin, pour lui, tous les chevaux avaient leur intelligence. Ils étaient loin d'être de simples animaux aux yeux du vétérinaire.

- Je suis persuadé que tu combles très bien son ennui. Ne t'en fais pas, bientôt elle rentrera chez elle et pourra à nouveau s'en donner à coeur joie sur les pistes.

Evidemment, le passé de la jument n'était pas un secret pour l'homme. Il connaissait le passif des chevaux car c'était là son répertoire pour pouvoir les traiter et savoir ce dont ils avaient besoin aussi bien physiquement que moralement. Alors il ne doutait pas non plus que Vagabone devait en avoir bien marre de rester dans son box tout le temps, à la manière d'un patient obligé de rester cloîtré sur un lit d'hôpital alors qu'il y avait tant à faire dehors.

- Je suppose que tu as raison.

N'ayant pas tellement l'occasion -ou le droit- de fréquenter les résidents d'ici, il ne pouvait que croire Camille sur parole. Ceci dit, il reprit :

- Heureusement que tu n'en fais pas partie dans ce cas. Je sais que tu fais un ami formidable pour Vagabone.

Même si, normalement, c'était aux chevaux de jouer les nounous pour les résidents afin d'aider ces derniers à aller mieux. Du moins, selon leur problème bien sûr. Mais Aurélien n'était pas dupe. Il avait rapidement remarqué que l'adolescent était attaché à l'animal et il préférait voir ça plutôt qu'autre chose. C'était sans doute déjà arrivé que des pensionnaires en viennent à faire du mal aux chevaux. Personnellement, il n'avait jamais eut droit à ce genre d'histoire, mais qui sait, par le passé peut-être bien avant qu'il ne débute sa carrière ?

- Hm, ça lui fera du bien autant à elle qu'à toi, ajouta le vétérinaire en devinant l'inquiétude du blond, n'hésite pas à te faire accompagner si tu n'es pas sûr de pouvoir gérer un potentiel autre dérapage de sa part.

Il n'avait pas vraiment d'autres conseils à lui donner. Il ne savait pas à cent pour cent comment fonctionnait la pédagogie ici, si le personnel était à même de tenir la main aux résidents si ces derniers le leur demandaient ou si les jeunes étaient laisser livrer à eux-même.

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Camille ne put retenir un de ses sourires quand le vétérinaire lui affirma qu’il devait combler l’ennuie de la jument. Il était heureux de renvoyer cette image-là. Qui n’était d’ailleurs pas du tout fausse. Il faisait vraiment tout pour la jument, il passait la voir plusieurs fois par jour, la brossait, la soignait, la nourrissait ou restait avec elle, simplement, à lui parler quand il n’y avait quasiment plus aucun autre résident dans les écuries.

Par contre, sur la deuxième partie de la phrase de l’homme, l’adolescent parut un peu plus mitigé. Il le savait très bien que la jument allait bien, un jour, rentrer chez elle. Tout comme lui, finirait un jour par quitter le domaine. Mais il n’avait vraiment pas envie de penser à ce moment-là. Il aimait beaucoup trop cette jument pour imaginer rester ici sans elle. Tout serait différent … insipide …

« Cette idée, qu’elle rentre chez elle, me rend à la fois heureux et triste. Heureux, parce que cela voudra dire qu’elle est guérie mais triste, car elle me laissera ici. »

Heureusement, la conversation continua entre eux deux. Et Camille put chasser de son esprit l’image d’une vie sans Vagabone. Il fut d’ailleurs très content que le docteur LeCerf lui dise qu’il faisait un ami formidable pour la jument. Cela faisait beaucoup de compliments en une rencontre, mais le blond n’y était pas insensible. Et puis de toute façon, il était bien trop heureux d’être ici. Même sa mauvaise rencontre de la dernière fois ne lui avait pas fait changer d’avis sur Almara.

« Merci … de dire que je suis un ami formidable pour elle … C’est la première fois que je suis aussi proche de … quelqu’un … Même si elle n'est qu'un cheval. Et je suis très content d’avoir pu intégrer ce programme. Enfin … On va dire que je serais quand même plus heureux de n’avoir jamais eu besoin de venir ici. Mais, voilà … À cause de mes soucis … J’ai pu rencontrer une jument incroyable. »

Alors qu’il prononçait la fin de sa phrase, Camille enlaça le cou de la jument et déposa un baiser sur son encolure immaculée. Son sourire un peu bêta ne quittait pas son visage. Mais même avec ce sourire, on pouvait voir de l’inquiétude transparaître alors qu’ils évoquaient la reprise d’activité de la jument. Évidemment, l’homme avait raison. Ça leur ferait effectivement du bien à tous les deux.

« On m’avait déjà accompagné à ma première sortie … Je suis censé me débrouiller seul maintenant. Mais … Euh … ne le répétez pas, hein ? Je … j’ai vraiment peur qu’elle m’échappe à nouveau et qu’elle se blesse à cause de moi. »

Camille était très gêné de dire ça au vétérinaire. Ce n’était pas son genre d’avouer ses faiblesses, mais, il se dit que ce dernier allait peut-être réussir à le rassurer et à le motiver.

Petite visite de routine

L'homme sourit aux aveux de l'adolescent. Comme il pouvait le comprendre ! Ce n'était pas évident de s'attacher à un animal, puis le voir partir ensuite. Il ne doutait pas un seul instant que beaucoup de résidents devaient passer par cet étape. Qui sait ? Ca faisait peut-être partie de leur thérapie également.

- L'important, c'est le présent. Tant que tu t'occuperas bien d'elle, elle ne risquera pas de t'oublier à l'avenir.

Par la suite, l'adolescent se confia d'avantage en mentionnant sa présence à Almara. Aurélien hocha la tête. Il voyait bien où le garçon voulait en venir. Ceux qui venaient à Almara, le faisaient généralement parce qu'ils n'étaient pas en bonne condition de vie. Ils découvraient alors l'importance de l'amitié avec les chevaux. Pour certains, ça paraissait débile, pour d'autres comme Camille c'était devenu une chose importante. Aurélien se sentit étrangement heureux d'apprendre le point de vue du jeune homme sur la question car le blond se sentait véritablement bien ici et ne regrettait pas son choix. Si seulement tous les résidents pouvaient avoir son point de vue au lieu de se sentir prisonniers.

- Je comprends. Je suis ravi d'apprendre qu'Almara te plaît à ce point et t'aide. Ne t'en fais pas, bon nombre de résidents sont passés avant toi et ont pu trouver une belle vie après leur séjour ici. Ils ont pu grandir et reprendre leur existence en main pour être heureux. Tu ne feras pas exception.

Il gratifia le blond d'un sourire.

- Je pense que tu commences à la connaître à présent. Je suis sûr que tu parviendras à anticiper ses faits et gestes. Ce qu'il y a de bien quand on fait une erreur, c'est qu'elle nous permet de nous perfectionner pour que cela ne se reproduise plus. Tu ne devrais pas avoir peur, ça s'appelle l'apprentissage.

Il réfléchit un moment avant d'ajouter tout en rangeant son matériel dans sa sacoche.

- Je vais te donner une astuce pour les chevaux un peu turbulent. Promènes-toi avec un foulard dans ta poche. Si le cheval s'emballe, bande-lui les yeux. Les animaux deviennent naturellement calmes quand ils ne voient plus rien. Après quoi, tu pourras l'apaiser et lui retirer doucement le bandeau des yeux une fois que son excitation est passée.

Une vraie technique de vétérinaire. Face à un chien ou un chat un peu trop agressif, une simple serviette sur la tête permettait de les faire se tenir tranquille le temps d'un examen. Ce n'était pas une solution miracle bien sûr, il y avait toujours des plus teigneux qui se moquaient bien de l'astuce. Mais ça pouvait néanmoins quand même marcher.

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Oui, effectivement, l’important c’était le présent. Pas le passé, pas le futur. Il fallait qu’il vive le moment présent et profite de ce qu’il se passait maintenant. Son interlocuteur avait entièrement raison. D’ailleurs il sourit et caressa avec amour l’encolure de sa jument.

« Je fais de mon mieux, mais même si elle m’oublie, moi je ne l’oublierais pas. »

Et c’était ça l’important, non ? Que lui n’oublie pas les bons souvenirs qu’il construisait ici avec elle. Tous les jours, il en rajoutait. Et il savait que même si le temps allait en effacer un certain nombre, il ne pourrait jamais oublier cette jument.

Puis, il lui sourit quand ce dernier lui expliqua qu’il savait qu’il allait s’en sortir.

« J’espère que vous avez raison. »

Camille était très optimiste quant à sa situation actuelle, et cela lui faisait plaisir que quelqu’un qu’il ne connaissait pas, pense qu’il s’en sortirait très bien après Almara. Mais le blond avait encore beaucoup de mal à imaginer sa vie post-Almara. Il espérait que tout roule pour lui, qu’il puisse se trouver un petit boulot qui lui plaise et qu’il puisse vivre sa petite vie tranquille, sans pression. Mais il ne savait pas comment ses parents allaient réagir, allait-il enfin le soutenir ou au contraire l’ignorer totalement, ou même pire, faire comme si de rien n’était ? Il ne savait pas … Et même s’il faisait tout pour ne pas y penser, cette question le travaillait toujours un peu en fond.

Le vétérinaire le rassura, encore une fois sur ses capacités. Mais même si ce dernier avait sûrement raison, une petite partie de Camille ne pouvait s’empêcher de penser qu’il ferait forcément quelque chose de mal à un moment.

« Oui, je sais que c’est bête d’angoisser pour ça. Je l’ai sortie au moins un millier de fois avant ça … Et pourtant … Je ne peux m’empêcher de penser que je vais lui faire du mal si je me plante … »

Il savait qu’il devait apprendre à moins stresser sur ce genre de chose, lui qui maîtrisait tellement bien son stress en temps normal. Enfin, il l’encaissait plus qu’il ne le gérait. Mais de l’extérieur cela paraissait équivalent. D’ailleurs, avide de toute astuce pouvant l’aider, il écouta attentivement le conseil de l’homme. Mais un air vaguement dubitatif marquait son visage.

« Encore faut-il arriver à lui accrocher le foulard. Elle est super grande quand elle lève la tête cette demoiselle. »

Parfois, Camille oubliait que lui aussi était hors norme niveau taille. Mais effectivement, Vagabone le gagnerait en taille dès lors qu’elle mettait sa tête en l’air. Et même en réfléchissant, il ne voyait pas comment il arriverait à lui installer correctement un bandeau sur la tête. Il ne doutait pas de l’efficacité de cette technique, mais il se voyait mal l’appliquer, seul.

« Vous avez d’autres chevaux à examiner aujourd’hui ? »

Petite visite de routine

Ce serait triste de penser que la jument oublierait Camille une fois son séjour ici terminé. Mais Aurélien était persuadé que les chevaux avaient une mémoire et un attachement à toute épreuve. Qu'ils étaient capable de se rappeler d'une personne qui aura marqué leur vie, même s'ils ne l'avaient rencontré qu'un court instant. Selon lui, il ne fallait pas sous-estimer les animaux, surtout les chevaux et leur loyauté sans faille. Beaucoup de mérite allait aux chiens concernant leur fidélité à l'être humain, mais les chevaux avaient de quoi surprendre aussi. Ils avaient été domestiqué bien plus tard que le loup, mais avaient su traverser autant d'épreuve en compagnie de l'Homme que le chien. Ce genre de chose, ça restait dans le sang. Ca traversait les âges.

Aurélien sourit à l'adolescent pour toute réponse. Ca aussi, il était persuadé que le jeune homme s'en sortira bien. Il n'avait pas l'air rebelle, ou mauvais. Au contraire, il semblait assidu, déterminé, exemplaire. Si des jeunes pires que lui arrivaient à refaire leur vie, pourquoi pas quelqu'un d'aussi sage que lui ? L'inverse serait aussi injuste qu'illogique.

- Je ne peux pas te blâmer pour ça, répondit le vétérinaire au sujet de Vagabone, mais essaye d'avoir un peu confiance en elle. Et dis-toi, comme aujourd'hui, que ce n'est pas parce que quelque chose se passe mal que les conséquences sont désastreuses.

Il pouvait le dire puisqu'il l'avait ausculter et savait donc que Vagabone n'avait pas eut de retard sur sa guérison et que le seul petit soucis de cette sortie agitée fut une égratignure sur le flanc. Ca aurait pu être mille fois pire. L'homme sourit.

- A moins d'une réelle grosse frayeur surprise, un cheval préviendra toujours son humain de son agitation à venir. Tu sais que quelque chose peut arriver si elle agite la tête de haut en bas. C'est surtout à ce moment là que tu peux commencer à agir sans avoir à attendre qu'elle s'agite pour de bon.

Puis, il répondit à la question de l'adolescent tout en caressant la jument.

- Non, je n'étais venu que pour elle et d'ailleurs, j'en ai terminé.

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Camille appréciait vraiment discuter avec le vétérinaire. C’était agréable d’échanger avec quelqu’un de "normal". Et puis, il fallait bien l’avouer cet homme était assez intéressant. Il avait une façon de penser qui plaisait beaucoup à Camille. D’ailleurs, le blond avait presque oublié sa légère appréhension qu’il avait eue avant de pénétrer dans le box quelques minutes auparavant. Il discutait maintenant de manière totalement décontractée avec lui.

Et puis, l’adolescent adorait parler de Vagabone. Ce n’était un secret pour personne qui l’avait côtoyé plus de cinq minutes depuis qu’il devait s’en occuper. C’était le fan numéro un de cette jument. Et il espérait au plus profond de lui qu’elle aussi l’appréciait autant que lui.

« J’ai confiance en elle, c’est en moi que je n’ai pas confiance. C’est un point sur lequel je dois travailler. Mais je ferais sûrement des progrès à force de la côtoyer. Elle va me donner de sa force, je suppose. J’en ai besoin. »

Camille l’écouta encore une fois en silence. Ce type connaissait vraiment bien les chevaux. C’était normal, vu que c’était son métier de les soigner. Mais il expliquait tout avec tellement de calme que Camille buvait littéralement ses paroles.

« Oui, ça elle fait. Et elle bouge aussi comme un essuie-glace en trottinant. Elle est désespérante parfois. »

Camille s’était habitué à ce qu’elle remue dans tous les sens. Il arrivait, la plupart du temps, à faire comme si tout était normal. La laissant exprimer son impatience et sa nervosité comme elle le souhaitait. Il avait abandonné l’idée que sa jument fasse comme tous les autres chevaux et le suive gentiment sans bouger. Mais parfois, il sentait qu’elle dérapait et qu’au lieu de seulement remuer par excitation, elle bougeait par peur. Et c’est à ce moment-là que Camille avait du mal à gérer la situation. Parce que lui aussi avait peur. Mais, avec le temps et les conseils que le vétérinaire lui avait donné, il prenait un peu plus confiance en lui pour gérer les sautes d’humeur de sa jument.

Puis, le garçon finit par sortir du box pour laisser la voie libre au vétérinaire, afin que ce dernier puisse lui aussi sortir.

« Oh, je ne vais pas vous retenir plus longtemps alors. Il y sûrement d’autres animaux qui vous attendent ailleurs. Ça fait très Super-véto dit comme ça … Excusez-moi. Mais je suis sûr que vous aurez encore plus de succès auprès des propriétaires avec un collant et une cape. Ça serait vraiment inoubliable. »

Camille rit doucement, mais il trouvait vraiment cette histoire de Super-véto assez comique en fin de compte.

Petite visite de routine

L'homme sourit à nouveau à la réponse de l'adolescent. Ce gamin avait la façon de penser qu'il fallait pour progresser dans cet environnement et Vagabone semblait être la source de cette motivation qui le poussait à donner le meilleur de lui même. C'était rafraîchissant à entendre.

- Très bien, fit-il, je suis sûr que tu progresseras beaucoup avec elle.

Il eut un petit rire lorsque le blond se plaignit gentiment de sa jument. Il se doutait bien que l'adolescent ne la blâmait pas pour de vrai mais que l'équidé devait effectivement l'user à la longue. Les chevaux pouvaient avoir de sacrés caractères, têtus ou taquins. Mieux valait voir ça plutôt qu'un animal en déprime.

- Elle a toujours su se montrer très expressive.

Il était temps de laisser la jument tranquille après cette petite séance d'auscultation. Camille sortit le premier du box, rapidement suivit par le vétérinaire qui fit une dernière caresse sur l'encolure de l'équidé avant de quitter la stabulation, tout sourire.

- Probablement ! lança l'homme dans un rire, mais je vais t'avouer, je n'ai jamais été très adorateur de collants !

Il retrouva son calme et ajouta :

- Au revoir alors Milo. Continue de bien prendre soin de ta jument comme tu l'as toujours fait jusqu'à présent. Peut-être se reverra t-on à l'occasion.

Sur ce, l'homme s'éloigna de l'adolescent et quitta l'écurie.

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Progresser, voilà un mot qui ne sonnait pas si mal aux oreilles de Camille. Mais allait-il vraiment y arriver ? Lui-même ne le savait pas. Il l’espérait au plus profond de lui. Et savoir que d’autre personne l’en croyait capable lui donnait un peu de baume au cœur. Il allait s’en sortir, et quoi que l’avenir lui réserve, il aurait toujours sa jument quelque part dans son cœur pour le soutenir.

Quand le vétérinaire parla de l’expressivité de Vagabone, Camille ne put que hocher la tête de manière désespérée. Ah ça, il n’y avait aucun doute que l’on pouvait deviner ce qu’elle pensait ou ce qu’elle éprouvait seulement avec son comportement. Et même si Camille n’avait pas encore tous les codes, il s’en sortait pas si mal en fin de compte pour comprendre ce qu'elle avait ou voulait.

Puis, il éclata de rire quand son interlocuteur lui appris qu’il n’aimait pas trop les collants. Il ne s’attendait pas vraiment à ce que ce dernier commente ce qu’il venait de dire. Mais au moins, ils avaient bien ri tous les deux.

L’adulte prit ensuite congé et Camille ne put à nouveau retenir son sourire quand ce dernier utilisa une nouvelle fois son surnom.

« Au revoir Docteur LeCerf et merci pour Vagabone. »

Camille regarda l’homme s’éloigner et retourna dans le box de sa jument pour la brosser tranquillement. Au final Camille avait passé un excellent moment en compagnie du vétérinaire.

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